Il n’a pas toujours exercé cette profession. C’est même un peu sur le tard que Gilles Gardoni a créé son entreprise, installée à Culoz. Le rêve d’un passionné de montagne, féru d’escalade, qui a renoncé au confort d’une carrière professionnelle plus conventionnelle pour ouvrir sa propre voie. L’homme est comme cela, il n’aime pas la facilité, et ne fait jamais les choses à moitié. Pour Ballad’ain, il raconte son métier et témoigne d’une philosophie de la nature qui ne vous laisse pas indifférent…
Ballad’ain : En quoi consiste votre activité exactement ?
Gilles Gardoni : L’activité principale concerne les « métiers du paysage », l’entretien paysager. Nous faisons peu de création, nous nous sommes plutôt orientés vers la taille et le soin des arbres. Nous réalisons aussi des travaux acrobatiques sur corde (purge de falaise, intervention sur barrage, prises de vues etc…, en fait tous les travaux en configuration cordiste) ; c’est un domaine très particulier, très sécurisé.
B. : Ce n’est pas banal, qu’est-ce qui vous a amené jusque-là ?
G.G. : J’ai fait beaucoup d’escalade de montagne par le passé, j’ai équipé plus de 200 voies dans la région. J’ai eu mon époque « Chamonix », et j’en ai réchappé !
Professionnellement, j’ai travaillé 13 ans en jardinerie puis dans la viticulture. Quand j’ai arrêté, il y a une dizaine d’années, j’étais mûr, je me suis dit : « je connais les végétaux, je sais tailler, j’aime la nature, j’aime grimper… il faut que j’y aille : ». Et j’ai fait ce que j’avais toujours rêvé de faire…
B. : Qu’aimez-vous le plus professionnellement ?
G.G. : C’est un métier très varié, je n’ai jamais deux journées identiques. Tous les jours je croise des gens différents, je change de milieu ; un jour Belley, demain Seyssel, un autre jour Cormaranche… J’aime monter dans les arbres, faire des belles choses comme cela. Il n’y a pas de lassitude, heureusement : j’ai besoin de me lever chaque matin en ayant envie d’y aller, et c’est le cas.
B. : Quelle(s) formation(s) pour en arriver là ?
G.G. : Mes deux précédents métiers m’ont appris à connaître la nature et toute sa complexité, à diriger des hommes et à gérer une entreprise en « bon père de famille ». Mes salariés ont des obligations de formations, des certificats de qualification professionnelle, des autorisations de conduite pour les engins… L’un de mes employés est élagueur grimpeur, les autres travaillent à la nacelle ou près du sol ; je fais appel ponctuellement à des profils plus particuliers pour les travaux acrobatiques sur corde.
B. : Quelles sont les demandes des particuliers ?
G.G. : La plupart du temps, on fait du sauvetage ; les propriétaires ont vieilli, ou n’ont plus le temps / l’envie de s’en occuper, le jardin a été abandonné, il a besoin d’un gros nettoyage.
B. : Le jardin est devenu une corvée ?
G.G. : Autrefois on était moins exigeant, on vivait au contact de la terre : on savait planter, tailler… Aujourd’hui on veut que ce soit comme dans les livres et « acheter un jardin » tout de suite et pour toujours, mais on ne comprend plus la nature : on pense qu’il suffit d’y aller une seule fois par an pour avoir un beau jardin toute l’année. Mais ça ne marche pas comme ça, la nature est capricieuse, difficile, exigeante et ne rend que ce qu’on lui a donné.
B. : Quelles sont les erreurs principales que l’on commet, peut-être par méconnaissance ?
G.G. : La moitié des plantes dans les jardins n’ont rien à faire là, les gens n’auraient pas dû les planter. Malheureusement c’est la société de consommation, on pense qu’on peut tout acheter, tout savoir en 2 h sur internet, mais entretenir un jardin c’est un engagement.
N’achetez pas deux arbres mais un seul avec un tuteur, un bon collier pour l’attacher et un peu d’engrais organique. Quand on achète une plante on l’adopte, il faut savoir ce dont elle a besoin, ne pas la planter trop près des autres, prendre le temps de faire un grand trou, d’arroser, de mettre de l’engrais… On n’achète pas une statue mais un être vivant, il faut en prendre soin. La nature n’est pas une denrée marchande ordinaire…
B. : Mais si on ne sait pas faire tout cela ? Comment choisir la bonne plante ?
G.G. : Dans les jardineries ou pépinières vous avez des vendeurs qualifiés qui vous aideront. Il faut aller au plus simple, et planter ce que l’on est capable d’entretenir. Quand on achète un végétal, il faut avant tout regarder s’il est beau, s’il est équilibré, s’y intéresser… plus qu’à la belle photo sur l’étiquette !
B. : Quels conseils donneriez-vous à celui ou celle qui veut un jardin, mais n’a pas beaucoup de temps à lui consacrer ?
G.G. : Chacun veut vivre son rêve, c’est normal. On a aussi le droit de se tromper… Je dirais, acheter la bonne plante, la planter au bon endroit, bien s’en occuper, et ne pas s’asservir pour les années futures, sinon cela devient un esclavage. Et alors on baisse les bras…
B. : Pour vous, le jardin idéal ?
G.G. : Je ne suis pas un paysagiste qui a appris à vendre du végétal, j’aime les jardins sobres, de l’herbe, des beaux arbres, une haie s’il y a du vis-à-vis, avec des plantes pérennes pour mettre des touches de couleur… Le jardin simple mais noble, peut-être.
+ d’infos : 04 79 81 99 96 ; www.gardonipaysages.com
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