Ville d’art et d’Histoire, Aix-les-Bains a abrité bon nombre de célébrités, attirées par le charme de la commune, à différentes époques. Ces personnalités ont fortement contribué au rayonnement de la ville et, aujourd’hui, certaines rues aixoises portent encore leur nom.
Dans le quartier de la gare, l’avenue Marie de Solms tient son nom d’une femme au caractère bien trempé qui a marqué le XIXème siècle. Poétesse, auteure, journaliste, elle fréquentait de célèbres écrivains qui, d’ailleurs, venaient fréquemment lui rendre visite dans son chalet aixois. Retour sur l’histoire de cette femme hors du commun : Née en Irlande en 1831, Marie-Studolmine-Laetitia Bonaparte-Wyse, plus connue sous le nom de Marie de Solms, était une descendante de Napoléon Bonaparte. Son grand-père maternel, Lucien Bonaparte, était le frère de Napoléon Ier. Elevée en Angleterre, elle parle couramment cinq langues. Curieuse de tout et brillante, elle apprendra le journalisme, la peinture, la caricature, la sculpture et la musique. Jeune femme affirmée et coquette, elle surprend son entourage, autant par sa liberté de ton que par ses goûts vestimentaires.
A 18 ans, lors d’un bal, sa mère, trouvant sa tenue trop courte, la gifle. En réponse à cet affront et par provocation, la jeune fille décide d’épouser le comte Frédéric Joseph de Solms, de 16 ans son aîné. Ce dernier part pour les Etats-Unis quelques mois après leur mariage et n’en reviendra pas. Elle s’installe à Paris et tient un salon fréquenté par les écrivains de l’époque, Victor Hugo, Alexandre Dumas, Georges Sand entre autres. En 1852, soupçonnée de complot contre Napoléon III, elle est expulsée de France. Elle s’installe alors à Rome où elle se laisse compter fleurette par le comte Alexis de Pomereu. De cette idylle, naîtra un enfant, Alexis de Solms.
La jeune femme, de nouveau acceptée en France, voyage et tombe sous le charme d’Aix-les-Bains. Le comte de Pomereu lui achète alors des terrains, situés dans le quartier de la gare où elle fera construire son chalet, encore visible aujourd’hui, et un théâtre. Elle y habitera quelques années puis y reviendra, par la suite, pour les vacances. Jamais à court d’idées, la jeune femme fonde, en 1958, une revue artistique et littéraire Les matinées d’Aix-les-Bains (consultable aux archives de la Bibliothèque Lamartine) qui deviendra Le journal du chalet en 1863 puis Les soirées d’Aix-les-Bains en 1865. D’un tempérament intègre, elle donne dans ses écrits son avis sur tout, quitte à choquer parfois la bourgeoisie aixoise. En parallèle, elle tient un salon où se rendent ses amis écrivains de la capitale.
En 1865, elle part s’installer à Florence pour rejoindre Urbano Rattazzi, premier ministre du royaume d’Italie. Puis, elle l’épouse, deux semaines après le décès de son premier mari, faisant fi des conventions. Elle lance un magazine Le courrier de Florence. En 1871, elle donne naissance à Isabelle-Roma Rattazzi. Deux ans plus tard, elle est à nouveau veuve.
Elle s’engagera dans un troisième mariage en 1877 avec un espagnol, Don Luis de Rute y Ginez. A Madrid, elle fonde une autre revue Les matinées espagnoles. En 1885, à 54 ans, elle a son troisième enfant, Lola, qui décédera tragiquement trois ans après dans un accident lors de vacances à Aix. En 1889, elle devient veuve pour la troisième fois et repart à Paris. En 1894, ruinée, elle est obligée de revendre son chalet aixois. En 1902, elle sera enterrée, selon ses dernières volontés, à Aix-les-Bains aux côtés de sa fille Lola.