C’est une histoire bien sombre que le poète et écrivain Théodore Chavanton, d’Ambléon, né en 1888 et décédé en 1971, nous livre dans «L’oasis perdue» tome 2. Ces deux livres lui vaudront un prix littéraire conséquent, fort mérité, tant l’émotion et la richesse des mots sont au service de cette narration incomparable sur la vie passée de son cher village. Né dans une famille d’agriculteurs, il sera amputé d’une jambe suite à une blessure reçue à la guerre et occupera ensuite le poste d’instituteur à Ambléon. Dès son plus jeune âge, il se révèle poète régional renommé, avant d’atteindre un plus grand succès encore avec « l’Oasis perdue ».
Or, mais nous y voilà… dans le tome 2, une grande partie du texte est consacrée à un drame effroyable ayant frappé un couple d’Ambléon. Nous ne pouvons que résumer maladroitement cette histoire (née d’un fait réel) tant le tableau dressé par Mr Chavanton reflète le richesse des personnages et de leur vie d’alors.
Les faits…
Un beau gars d’Ambléon, réputé pour sa force et son charisme, notamment à travers le chant, Grenadier juste rentré de la Campagne d’ Italie, tombe fou amoureux de la plus belle jeune femme d’Innimont. Il l’épouse et leur bonheur est grand! Lui s’appelle Jean, elle: Anthelmette (dite La Mette).
Mais la veille de Noël 1804, Jean laisse partir à pied La Mette à l’église de Conzieu pour la messe de minuit en compagnie d’autres femmes. En cours de route, quelqu’un l’appelle par son nom, elle pense qu’il s’agit de son mari et se sépare du cortège. Jean la retrouvera tard dans la nuit dans la cour du château en ruines de Montcarra au-dessus du hameau de Crapéou. Elle est vivante, mais ne retrouvera jamais la raison… Les violences dont elle a été victime sont imputées au Sarvan, démon légendaire qui sévit sur les deux villages.
Jean désespéré, fait appel à la Saraillère, guérisseuse-voyante célèbre dans la région. Son verdict est terrible : La Mette ne retrouvera la raison que pour mourir, mais il saura alors qui est en réalité le Sarvan. Vingt ans passent, La mette sort de sa léthargie, s’adresse à Jean, l’embrasse et meurt en murmurant le nom de son bourreau : Basile qui fut le meilleur ami de Jean autrefois. Sa vengeance sera à la mesure des tourments qu’il a traversés avec la Mette !
Vingt ans après, jour pour jour, à la Noël, il enlève Basile, le ramène dans la cour du château de Montcarra et lui fait subir les pires tortures. Le coupable ne mourra pas, mais perdra la raison et finira sa vie en forcené.
Une réédition?
« L’oasis perdu » est introuvable actuellement. Puisse cette évocation superficielle de ces deux livres inciter quelque éditeur, où descendant de Théodore Chavanton (alias Avanton) à le republier. Nul témoignage sur la vie d’autrefois d’un village du Bas-Bugey ne l’égale.
Michel Bigoni