« 75 ans après ce jour maudit nous sommes très nombreux ce matin à nous réunir, pour associer à ceux d’Izieu le souvenir des 14 000 enfants déportés depuis la France, dont 2 500 seulement sont revenus. Nous souvenir des crimes nazis, de la complicité de l’Etat français, des Justes reconnus par l’état d’Israël et de ceux qui sont restés anonymes… » C’est par ces mots que Thierry Philip, président de la Maison d’Izieu, a débuté le 6 avril dernier la commémoration des 75 ans de la rafle des 44 enfants et de leurs 7 éducateurs. 75 ans après, la Maison d’Izieu est devenue un lieu de mémoire de la Shoah, mais aussi un lieu de réflexion sur le crime contre l’humanité, un lieu de référence dans la lutte contre toutes les formes de discrimination.
En ce jour particulier, de nombreux élus et personnalités avaient fait le déplacement, comme Serge et Beate Klarsfeld, Mme Joanna Kosinska-Frybes, consul général de Pologne, M. Max Maldacker, consul général d’Allemagne, Piotr Cywinski, directeur du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau ainsi que la famille Donnedieu de Vabres, qui a remis officiellement les archives privées du second juge français au procès de Nuremberg, Henri Donnedieu de Vabres.
En marge de la commémoration, les Petits Chanteurs de Saint-Marc ont entonné des chants autrefois chantés par les enfants de la colonie d’Izieu, suscitant une émotion à peine contenue dans l’assistance. L’artiste Olivier Camen, plasticien travaillant sur la mémoire des enfants d’Izieu, a inauguré son exposition de photographies et valises, dorénavant ouverte au public. Winfried Veit, l’artiste allemand, a offert 4 nouveaux portraits au fusain de Serge et Beate Klarsfeld, Ita-Rose Halaunbrenner et Fortunée Benguigui, les deux mamans qui se sont battues aux côtés des Klarsfeld dans leur traque de Klaus Barbie. Enfin, les élèves de CM1-CM2 de l’école de Brégnier-Cordon ont apporté un peu de poésie en inaugurant les plantations qu’ils ont réalisées devant la maison, avec le concours de l’Ordre national de Romarin.
« 75, c’est le nombre d’années que Klaus Barbie a volées aux enfants », poursuivit Thierry Philip. « L’antisémitisme s’exprime de nouveau à voix haute. L’Histoire nous apprend qu’il fleurit dans une société qui n’est pas à l’aise avec elle-même. Où la réussite est ressentie comme illégitime, où l’on a intérêt à inventer des boucs-émissaires. Combattre l’antisémitisme n’est pas seulement l’intérêt des Juifs. C’est celui d’une démocratie apaisée dont nous rêvons tous ».
Fabienne B.