Colomieu à nouveau comme point de départ d’une nouvelle balade ?
Oui, parce qu’avant de quitter ce village, il aurait été fort regrettable de ne pas rendre visite à un lieu devenu mythique : le lac d’Aboreaz. Ce nom ne vous dit rien ? Et bien, c’est celui du lac des « enfants du marais »…
D’autres départs auraient été possibles certes, mais disons plus épineux à partir de Conzieu, Ambléon, Appregnin…
Paradoxe étonnant, ce lac, le plus médiatisé de tous par Jean Becker, demeure le plus sauvage qui soit, peut-être le moins fréquenté.
Partons de la mairie de Colomieu en suivant la route, presque un chemin, du Vernay jusqu’au lac pour trois-quart d’heure environ de marche. Chaque che min a une âme particulière, et celui-ci nous plonge dans les vastes prairies fleuries de notre enfance entre la montagne dite du Tentanet sur notre gauche et un ruisseau longeant un paysage marécageux sur notre droite. Près de l’arrivée, de grands arbres forment une arche par laquelle nous pénétrons solennellement dans un monde où se côtoient une nature rarement plus belle et les fictions d’un passé évanoui.
Nous y croisons dès que nous atteignons la bande extérieure étroite du lac, des ruines de constructions cabaniques. Elles se dressent encore au bord des reliques d’un petit port aux modulations bourgeoises.
Nous nous plairons à imaginer là, une guinguette agrémentée de promenades en barque où de jolies dames froisseraient en riant leurs crinolines, les après-midis d’été…
Et puis bientôt : le lac dans sa totalité sauvage de sept hectares, sa force, sa beauté souveraine incomparable !
On aurait tort, car ce serait en réduire le charme de vouloir y dénicher à tout prix les restes du tournage du célèbre film !
Pourtant, il en demeure une cabane qui fut déplacée jusqu’à l’endroit où elle se trouve actuellement au début du grand lac. Celle-ci fut l’abri de Riton joué par Jacques Villeret…
Tout cela pour vous dire qu’une part de rêve vous accompagnera tout au long de cette promenade hors du temps, à travers des paysages enfantés par un passé luxuriant. N’est-ce pas là une délicieuse alchimie entre la belle réalité et les songes les plus audacieux ?
Michel Bigoni