Les incendies parsèment l’histoire de nos villes et villages surtout lorsque les toits étaient encore de chaume. C’est ainsi que le 18 juin 1851 un de ceux-ci détruisit la moitié du village d’Innimond. Vingt-sept maisons, trente granges, trente-deux écuries, un hangar, ont été la proie des flammes dont la mairie. Deux chevaux, vingt-huit bêtes à cornes et deux cents moutons ont péri. Et pour ajouter au désastre, les habitants avaient lâché leurs bêtes pour les préserver des flammes, mais celles-ci se ruèrent sur des champs de luzerne entraînant la mort d’une partie de celles-ci, gonflées par la fermentation de cette plante (météorisation).
Ce drame frappant des familles survivant péniblement de leur petite exploitation a suscité un grand mouvement de solidarité populaire et au fil des ans, ce fut l’abandon des toits de chaume, l’installation d’un réseau d’eau, l’achat d’une pompe à incendie…
La Fête-Dieu reportée
La fête Dieu, comme le plus souvent dans toutes les communes de France, était célébrée le dimanche suivant le jeudi de «la Trinité», soixante jours après Pâques. Mais l’incendie ayant détruit en partie le village dans la nuit du mercredi au jeudi, le dimanche qui suivait étant trop proche, c’est donc au jeudi suivant que l’on reporte la cérémonie. Imaginez ce jour-là : les villageois sous le choc, la misère pour beaucoup d’entre eux, les familles d’autres villages se joignant à la messe et à la procession ! Un long cortège avançant sur des pétales de fleurs jetées sur tout le parcours par les jeunes filles du village vêtues de blanc alors que le prêtre portant le ciboire du Saint-Sacrement bénissait chaque demeure (ou ce qu’il en restait…).
Une fête d’ampleur grandissante
Cette fête devint au fil des ans la plus grande festivité d’Innimond, si bien qu’un autel fut dressé vers le vieux tilleul (un Sully) pour célébrer la messe. Avec l’avènement de l’automobile on accourait de tous côtés, même prêtres et évêques, pour assister à cette journée. Les familles parfois éloignées les unes des autres se retrouvaient réunies en ce jour de liesse.
Et cela jusque dans les années 70 où cette fête rejoint le domaine des souvenirs heureux.
Signalons les textes sur le passé d’Innimond de Paul Mellet associant érudition et belle écriture.
Michel Bigoni