« Rien de plus chaleureux qu’un récit raconté au coin du feu par un de nos anciens. Et pour ceux qui voudraient transformer la veillée en une nuit magique, quelques petites histoires à apprendre par cœur pour plus de réalisme ! » Valérie L.
Les légendes racontent que Noël est une nuit magique et qu’au moment où sonnent les douze coups de minuit des phénomènes étranges se produisent. C’est ainsi que l’on peut voir des menhirs qui sortent de terre, des bêtes parler ou bien rencontrer le diable !
Quand les roches jouent des tours !
La plus célèbre légende bretonne raconte que la grosse pierre de Saint-Mirel, dont Gargantua se servit pour aiguiser sa faux, cachait un trésor qui tenta un paysan des alentours. Ce paysan était si avare qu’il n’eût pas trouvé son pareil : le liard du pauvre, la pièce d’or du riche, il prenait tout ; il se serait payé, s’il eût fallu, avec la chair des débiteurs.
Quand il sût qu’à la Noël les roches allaient se désaltérer dans les ruisseaux, en laissant à découvert des richesses enfouies par les anciens, il songea, pendant toute la journée, à s’en emparer. Pour pouvoir prendre le trésor, il fallait cueillir, durant les douze coups de minuit, le rameau d’or qui brillait à cette heure seulement dans les bois de coudriers et qui égalait en puissance la baguette des plus grandes fées.
Ayant cueilli le rameau, il se précipita de toute sa force vers le plateau où le rocher de Gargantua profilait sa masse sombre, et, lorsque minuit eut sonné, il écarquilla les yeux. Lourdement, le bloc de pierre se mit en marche, s’élevant au-dessus de la terre, bondissant comme un homme ivre à travers la lande déserte, avec des secousses brusques qui faisaient sonner au loin le terrain de la vallée. Jusqu’à ce moment la branche magique éclairait l’endroit que la pierre venait de quitter. Un vaste trou s’ouvrait, tout rempli de pièces d’or.
Ce fut un éblouissement pour l’avare, qui sauta au milieu du trésor et se mit en devoir de remplir le sac qu’il avait apporté. Une fois le sac bien chargé, il entassa ses pièces d’or dans ses poches, dans ses vêtements, jusque dans sa chemise. Dans son ardeur, il oublia la pierre qui allait venir reprendre sa place.
Déjà les cloches ne sonnaient plus. Tout à coup, le silence de la nuit fut troublé par les coups saccadés du roc qui gravissait la colline et qui semblait frapper la terre avec plus de force. L’avare ramassait toujours ses pièces d’or. Il n’entendit pas le fracas que fit la pierre quand elle s’élança d’un bond vers son trou, droite comme si elle ne l’avait pas quitté. Le pauvre homme fut broyé sous cette masse énorme, et de son sang il arrosa le trésor de Saint-Mirel.
Traditions populaires, par Richard. Remiremont, 4818