Quel Bas-Bugiste n’a pas fréquenté la Place des Fours au centre de Belley, avec ses commerces conviviaux autour de la petite et précieuse fontaine à l’ombre des platanes ?
Mais combien connaissent son histoire et les activités qui l’animèrent au fil des siècles ?
Penchons-nous un instant sur l’une d’elles liée au siècle passé : un atelier fondé par le maréchal-ferrant et forgeron Joseph Burtin (1876-1937).
Rapide historique de cet atelier
Né à Brens, marié à Anthelmine Girel de Champtel en 1902, il s’installe à Belley après avoir fait son « Tour de France », ceci à l’emplacement actuel du parking de la pharmacie Richoux. Au cours de la guerre 1914-1918, les chevaux de trait réquisitionnés chez les cultivateurs, ainsi que les chevaux de selle, eurent un rôle important, aussi les maréchaux-ferrants furent les premiers à être mobilisés. Joseph Burtin, titulaire du brevet de maréchal-ferrant, fut chef d’une équipe se déplaçant avec un fourgon-forge et opérant jusqu’aux limites du front.
De retour de la guerre, il travaillera avec son fils Eugène (1903-1962) à qui il apprit le métier. On racontait que certains jours, les boeufs et les chevaux attendaient en rangs serrés occupant toute la Place des Fours tandis que leurs conducteurs patientaient chez les cafetiers du lieu (On peut imaginer l’ambiance)… Les anciens Belleysans à cette évocation se rappelleront des foires du premier lundi du mois ou plus encore celle de la Saint-Martin où vaches, boeufs et chevaux s’alignaient le long du Boulevard du Mail.
Après le décès accidentel à moto en 1937 de Joseph Burtin, son gendre Louis Bourcelin (ancien président des Anciens élèves du lycée de Belley et Conseiller municipal à l’époque de Paul Chastel) prit sa succession et fit évoluer les Établissements Burtin-Bourcelin vers la vente et la réparation de machines agricoles, activité importante qui occupa la Place des Fours jusqu’à la fin des années 60.
Le bouquet de Saint Éloi
Cette oeuvre, réalisée par Joseph Burtin après son tour de France lors de son acceptation comme Compagnon, mérite bien le titre attribué à ce genre de création : celui de chef-d’oeuvre… Cette pièce unique conservée par la famille à qui nous devons beaucoup de cet historique, a exigé la maîtrise de difficultés volontairement élevées ! Rivets et soudures d’une haute technicité prouvaient l’habileté de son concepteur. Le bouquet de Saint Éloi de Joseph Burtin présente des motifs de toutes tailles, reliés par des serpents : des pièces particulièrement difficiles à réaliser avec le fer, le feu, le marteau et la pince.
Ces outils du forgeron sont représentés à droite et à gauche du bouquet.
Nous ne pouvons que ressentir un profond respect pour ces hommes, artisans-artistes, en qui mûrissait le sens du travail quotidien élevé jusqu’à la perfection.
Michel Bigoni