Rarement la vaste cathédrale de Belley a reçu pareille foule à l’occasion d’un dernier hommage rendu à une personnalité ! Mais ce ne fut pas là une surprise tant Henri Guillout que l’on célébrait ce jour-là était connu, apprécié, aimé…
Rappelons qu’il fut maire d’Ambléon de 1983 à 2008 et que sa vie professionnelle fut entièrement vouée à l’enseignement, au collège de Lagnieu, puis comme proviseur adjoint au Lycée de Belley.
Les mêmes qualités humaines ont nourri sa fonction d’élu et ses responsabilités dans l’éducation nationale ou tout simplement familiale.
Outre le maire d’Ambléon, Annie Bionda, six membres de sa famille ou divers responsables de sa vie professionnelle ou sociale louèrent sa personne.
Une énergie hors du commun l’animait et celle-ci était mise au service des autres, sans exception, soit pour aider un élève et sa famille, soit pour organiser un chantier dans son village. « Aider » fut le maître-mot de son existence.
Alors qu’il fut parfois sollicité pour remplir un rôle politique plus conséquent, car il en avait largement les moyens, il refusa à chaque fois voulant se consacrer uniquement à son village. Il pensait que l’important se situait au niveau de la base, communale certes, mais aussi à travers le patrimoine et les richesses du terroir de sa région. Pour preuve : il demanda à être enterré dans ses habits de « Commandeur du Bugey ». D’ailleurs, le grand Maître des Commandeurs, Jacques Ressort, lui rendit un hommage ému lors de la cérémonie à la cathédrale.
Ce fut véritablement un meneur d’hommes et d’élèves, sachant choisir ses mots, transmettre son énergie et résoudre les problèmes les plus délicats.
Un organisateur né !
Il organisa maints événements autour du Foyer rural d’Ambléon, surtout la célèbre fête du four, mais aussi la tournée des crêpes avec Bébert conduisant le char, les réveillons épiques et chaleureux du 31 décembre, même les bœufs au tourne-broche dans une clairière près du lac, ainsi de suite… Il menait pour ainsi dire la farandole chaleureuse de la convivialité Ambléonnaise et bugiste ! Sans parler de l’aide apportée à la compagnie de chasse, dont il était membre.
Quinze jours avant son décès, il tenait encore la tombola lors de la vente annuelle de boudin.
Une anecdote pour finir
Une anecdote, parmi des centaines. Après avoir offert une rose à chacune des dames présentes, lors d’un réveillon, minuit approchait et le plat de viande n’était pas encore terminé sur les tables. Ce ne fut pas un problème pour Henri qui se saisit d’un manche à balaie et recula de 30mn la grande aiguille de l’horloge. Et les convives sans sourcilier se souhaitèrent la bonne année à minuit trente. C’était Henri, le maître de cérémonie, comme il l’était en tout, mais toujours avec un profond respect pour autrui.
Un dernier regard sur lui.
Ceux qui le connaissent bien comprendront cette citation tirée de l’albatros de Baudelaire qui le définit au plus secret de lui-même :
« Exilé sur le sol…
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher… ».
Et pourtant quel beau chemin il a accompli
Condoléances à son épouse Yvette, à ses sœurs et frères, à ses amis qui l’aimaient.
Michel Bigoni