Elle a pris ses fonctions en janvier dernier à la tête de l’Office de Tourisme Bugey Sud Grand Colombier. Pour cette Aindinoise, native de Bourg-en-Bresse, qui a sillonné le monde, travailler dans le Bugey sonne comme un retour aux sources plein de promesses.
Pour Ballad’Ain, Alicia Le Gal-Gilbert se livre sur ses projets et sur les défis qui attendent notre territoire.
Ballad’Ain : Fraichement arrivée à Belley, cette région ne vous était pourtant pas complètement étrangère…
Alicia Le Gal-Gilbert : « C’est vrai, j’ai un attachement particulier pour le Bugey du fait de ma famille paternelle. Mes grands-parents ont longtemps habité près de Ceyzérieu. Ils étaient tous 2 instituteurs, ils sont enterrés à Ceyzérieu, en face du Colombier. Je connais donc le territoire, sa configuration, d’autant plus que je l’ai beaucoup arpenté durant les 10 années où j’ai promu les Grottes de la Balme, mon précédent employeur. Je ne suis pas perdue !
Ballad’ : Quel a été votre parcours avant d’arriver à Belley ?
A. Le G.-G. : J’ai suivi des études de marketing et de communication (BTS, licence, master), en France mais aussi au Canada et en Irlande, où j’ai fait une partie de mon cursus et appris la langue anglaise. Professionnellement, j’ai passé 10 années sur le site des Grottes de la Balme en Isère. Les 6 premières années comme chargée de promotion et de communication, puis en tant que responsable de l’exploitation jusqu’en janvier dernier. Un parcours plutôt complet, sans rupture, car j’ai très vite été passionnée par ce que je faisais.
Ballad’ : Vous entrez donc à l’office du tourisme avec une double casquette, Directrice et responsable de communication. En quoi consiste votre poste exactement ?
A. Le G.-G. : La structure à laquelle j’appartiens est répartie sur 3 pôles : Belley, Les Plans d’Hotonnes et Champagne en Valromey. J’ai été recrutée pour manager l’équipe et suivre le projet de territoire décidé par la Communauté de communes Bugey sud. Au quotidien, j’encadre une équipe de 8 personnes, j’organise leur travail, je les accompagne dans leur propre évolution professionnelle. Je gère également la partie communication, marketing et digitale, ainsi que la création graphique.
Ballad’ : Quel est le rôle d’un office de tourisme (OT) ?
A. Le G.-G. : Le rôle d’un OT est de mettre en musique les politiques publiques d’un territoire, montrer sa beauté, ses richesses, son attractivité. L’OT est considéré comme le « technicien terrain », c’est lui qui convertit en pratique les politiques publiques décidées par la communauté de communes. Nous sommes très opérationnels, nous mettons en place des outils pour les usagers, qu’ils habitent le territoire ou non, et nous travaillons en lien avec les prestataires du territoire, quels qu’ils soient.
Même si l’on digitalise beaucoup de choses – et on va continuer de le faire pour faciliter l’accès à l’information – notre métier c’est d’abord le rapport humain. Nos bureaux ont des plages d’ouvertures larges, pour accueillir les visiteurs qui ont besoin d’être en relation avec une personne physique. Le client doit avoir la sensation que l’on s’est occupé de lui au même titre qu’une agence se serait occupée de l’organisation d’un voyage. Un autre rôle, plus discret, est de conseiller nos partenaires, les porteurs de projets du territoire : construire des projets ensemble, du début à la fin. C’est un rôle assez méconnu, mais tout aussi passionnant.
Ballad’ : Ressentez-vous des contraintes / pressions politiques dans vos fonctions ?
A. Le G.-G. : Le projet de territoire est très clair, il est validé par les élus, partagé. Nous avons une ligne à tenir, mais elle est assez large pour que l’on puisse s’exprimer et mettre en place les projets que l’on estimera pertinents pour coller à cette politique publique. Je n’ai pas de sensation de limitation, au contraire : j’ai besoin d’eux et ils ont besoin de moi, nous travaillons en symbiose, main dans la main.
Ballad’ : Le territoire que vous couvrez est très étendu (100 km de haut en bas, du nord au sud), avec une incroyable diversité de ressources. Quelle dynamique avez-vous trouvée parmi les acteurs de son développement ?
A. Le G.-G. : J’ai été assez surprise en arrivant dans le Bugey de trouver une telle dynamique. La Communauté de communes Bugey Sud est gigantesque (42 communes), néanmoins chaque strate du territoire est dotée de projets visant à améliorer le quotidien de ses habitants. Plusieurs d’entre eux, une fois sortis de terre, seront structurants pour notre territoire.
Il y a une organisation, une volonté politique pour cela. Nous devons encore travailler à la notoriété et la visibilité de cette région, qui du fait de sa configuration naturelle est davantage tournée vers la Savoie ou la Suisse que vers l’Ain. Cela prendra du temps, mais ne faut-il pas prendre le temps de la réflexion pour monter des projets qui vont nécessiter de gros investissements financiers, afin de ne pas se tromper ?
Ballad’ : Que manque-t-il à notre territoire pour s’inscrire pleinement dans cette dynamique ?
A. Le G.-G. : Il nous manque du logement, de l’hébergement touristique, notamment avec le développement exponentiel de la fréquentation de la ViaRhôna. Son potentiel est extraordinaire. Nous avons un rôle à jouer pour que le public reste sur le territoire, consomme ici, allonge son temps de séjour dans notre région. Notre territoire doit être ambassadeur de lui-même pour avoir une aura positive, engageante, incitant les personnes de l’extérieur à venir, à profiter de nos magnifiques espaces et de leurs richesses.
Ballad’ : Les valeurs liées au Bugey (nature préservée, terroir, simplicité) semblent en phase avec la demande actuelle. Comment se développer sans dénaturer ce qui fait notre force ?
A. Le G.-G. : La Communauté de communes mène actuellement un travail de fond sur l’unité paysagère.
A quoi veut-on que le territoire ressemble dans 10, 15, 20 ans ?
Que peut-on accepter en termes d’implantations ?
Ces questions se posent dès maintenant sur 3 projets structurants : la reconfiguration de l’espace naturel autour de la cascade de Glandieu, l’aménagement du hameau d’Aignoz, porte d’entrée du Marais de Lavours, la reconversion de la station des Plans d’Hotonnes, qui a vécu un hiver 2023 sans neige. Il faut questionner notre rapport à la nature, ce qui fait l’identité de notre territoire.
Ballad’ : Faudrait-il limiter ou interdire l’accès à certains sites sensibles afin de les protéger ?
A. Le G.-G. : Je ne suis pas partisane de l’interdiction. Je crois davantage à l’éducation et à la sensibilisation du public pour limiter les mauvais comportements. Par exemple dans le hameau d’Aignoz, des travaux vont limiter l’accès des voitures aux seuls riverains. Pour les autres, la visite commencera dès le parking, avec un balisage, des aménagements ludiques, du fleurissement…
Ballad’ : La nouvelle brochure éditée par l’Office de Tourisme Bugey Sud Grand Colombier promet de nombreuses animations pour cette année 2023. Pourriez-vous nous en dire quelques mots ?
A. Le G.-G. : Effectivement, l’année s’annonce riche en évènements. Ils s’articulent autour de différents axes : les visites guidées, avec nos incontournables (Belley, Virieu-le-Grand, Culoz…). Des visites destinées aux familles, ludiques (Lupa, Belley Sens Dessus Dessous) ou autour de thématiques festives (Pâques, Halloween).
Des visites gourmandes (Vongnes, la fruitière du Valromey) ou « nature », avec un guide de moyenne montagne et notre guide conférencière. Le programme est extrêmement complet pour répondre à la plupart des demandes. L’office de tourisme sera également porteur de 2 évènements à destination du grand public : “Les pieds dans le local“, version artisanat en juin, qui permettra d’aller à la rencontre des artisans d’art dans leur univers, et version producteurs, en octobre, pour sa 2ème édition.
Nous serons naturellement présents à Bugey’Expo, et sur le Tour de France qui passera chez nous le 14 juillet prochain, avec un final au sommet du Grand Colombier. Un beau RDV en perspective…
Ballad’ : Vous semblez avoir attrapé le virus du Bugey ?
A. Le G.-G. : Je suis portée par l’équipe formidable que j’ai la chance de diriger, et par cette richesse de territoire fabuleuse. C’est passionnant. La covid a coûté cher intellectuellement à chacun d’entre nous, il nous faut revenir à des choses plus simples, moins mondialisées. Cette demande ne disparaîtra pas, j’en suis convaincue. »
Propos recueillis par Fabienne Bouchage
+ d’infos :
Offices de Tourisme :
– Belley : du mercredi au samedi de 9h30 à 12h30 et de 14h à 18h.
04 79 81 29 06
34 Grande Rue – 01300 Belley
– Plans d’Hotonnes et Champagne-en-Valromey :
04 79 87 51 04