« Bon, c’est comme ça, mais ça devrait aller beaucoup mieux après ! »
Pour faire suite aux événements importants qui bousculent nos habitudes, tristes, heureux, bizarres ou inquiétants, la marche la plus décisive à franchir est toujours celle du jour d’après. Comme chacune d’entre-elles elle peut être gravie de façons différentes : vaillamment avec l’ardeur d’un caractère décidé, ou avec le cœur rempli d’émotions lumineuses à la suite d’un coup de foudre enchanteur, ou encore avec le pas incertain d’un esprit perdu dans la nébuleuse tristounette d’un écueil perturbant.
La vie est ainsi faite, quand rien n’est vraiment lisse ou régulier et quand les séquences qui jalonnent nos aventures personnelles ou collectives s’ouvrent toujours sur un jour d’après. Il est vrai que si nous souhaitons le meilleur de ce qui pourrait bien nous arriver, cela n’empêche pas que des pilules « dures à avaler » nous tombent parfois dessus et que l’on finit par les absorber avec la résignation passive de gros grognons fatalistes. Ceci avec de vieux sursauts rassurants et répétitifs, du style : « Bon, c’est comme ça, mais ça devrait aller beaucoup mieux après ! » Une sorte de comportement soutenu par une étonnante capacité d’adaptation, ce qui permet de grimper sur une nouvelle marche pleine de surprises avec l’espoir naïf d’un séjour possible sur un long palier de tranquillité et de bonheur absolu.
Voilà une façon allégorique de présenter les choses comme si tout de notre vie devait se passer dans un long escalier, là où s’empileraient toutes les situations possibles, les unes sur les autres, pour ajouter au déroulement de nos propres péripéties. Quant aux plus déprimés on peut imaginer qu’ils puissent choisir un escalier descendant, histoire de s’enfoncer davantage dans des situations de désespérés maladifs. On oubliera cette option en préférant l’élévation et en choisissant des jetées d’escaliers dignes de nos espérances, entre les marches de marbre qui escaladent les étages des palais somptueux, pour les mieux nantis et les échelles de meunier branlantes, craquantes ou acrobatiques pour les plus modestes, mais toujours enthousiastes pour l’amour, les rencontres et les plaisirs de la vie.
Les possibilités offertes sont donc nombreuses et devraient satisfaire celles de chacun d’entre-nous ; quand certains souhaiteraient avoir le plaisir de s’élever dans des escaliers à vis, afin de perdre la tête en tournant dans les étages, tout en grimpant vers la cime extrême de belles existences passionnantes, souvent fantaisistes et accomplies. Alors que pour d’autres, indifférents à cette idée d’escaliers, ils ne se contenteraient que d’un petit bonheur quotidien, impassibles, calmes et sans inquiétude ni ressentiment : cools et égaux à eux même dans une sorte de comportement inoxydable à tout changement. Une platitude totale qui les marginaliserait dans l’indifférence, pour en faire, peut-être, les plus heureux d’entre nous, mais qui sait ?
Tout ça pour dire que ce qui se passe pour nous est également vrai pour nos sociétés quand les jours d’après de très grandes décisions, politiques surtout ou autres, apportent leurs lots de surprises interprétés différemment selon les conceptions.
Parfois avec inquiétude, souvent avec colère nourrie de ressentiments et d’injustices ou avec des joies exubérantes. Quand les marches à grimper proposées par les programmes de nature diverses, s’ouvrent sur des escaliers pouvant paraitre solides ou branlants, avec ou sans rampe d’accès, voire dangereux. Il est vrai que l’idée d’élévation domine toujours pour la recherche de paliers qui seraient profitables et prospères, sous le couvert de liberté, de courage et de sécurité.
Alors souhaitons que la solidité des ouvrages à venir soit à la mesure de nos espérances et auront le prestige de ce qu’ils doivent représenter. Ceci avant de connaître, plus tard, d’autres jours d’après et de nouvelles marches d’espoir et de bonheur à grimper.
Paul Gamberini