Dans nos vœux de saison on oublie souvent de distiller un peu de fantaisie, d’amour et même de poésie. Car rédigés de façon un peu trop conventionnelle, ils restent dans une forme de platitude courtoise qui pourrait ressembler à un document administratif. Du style formulaire « Nouvel-An N° 01/01/2025 » à oublier rapidement après lecture et à recycler soigneusement dans la poubelle à papier. Et avec ça on se sent adoubé pour partir à l’aventure d’une nouvelle année qui s’annonce sous des auspices nourris d’incertitudes, qui soulignent notre fragilité et qui sollicitent notre courage, nos sacrifices et notre détermination.
Tout cela pour dire qu’on aimerait davantage d’attention et de bons sentiments qui s’apparenteraient à une sorte d’amour intuitivement suggéré. L’intention pourrait paraître excessive mais dévoilée avec sincérité elle pourrait donner à nos relations des impressions de sollicitudes et d’attentions particulières, propres à éclairer des sourires de plaisirs, ou à ébranler l’enfermement individualiste dans lequel beaucoup d’entre nous se sentent écartés, où se sont volontairement confinés.
Après tout, notre nature profonde devrait conserver des instincts relationnels ou originels (?) dans lesquels l’amour, sous toutes ses formes, aurait toujours sa place et la liberté d’être révélé. Cela pour rassurer et pour générer des petits bonheurs de communications tendres, sincères et joyeusement échangés.
Pour revenir sur ces comportements naturels, sans vouloir faire de comparaison mais pour comprendre le plaisir que nous pouvons apporter simplement, il nous suffit de caresser un brave animal de chat, dans le sens du poil, pour avoir le bénéfice immédiat de quelques ronrons paisibles et réguliers, donnés en récompense à l’amour ressenti. Ainsi il en va de notre relation avec lui, laquelle se passe de superflu ou de reproches adaptés à sa condition de félin prédateur.
Jamais je ne lui dirais : « je te souhaite une bonne année 2025 de minou, avec beaucoup de bidules que tu zigouilles cruellement, sans oublier les oiseaux, dont tu abandonnes les plumes en désordre sur mon paillasson. Ce qui me désole pour eux et qui m’attriste ! »
Au lieu de cela je respecte sa vie de chat libre et nos rencontres furtives se contentent de croquettes, de ronrons et de caresses répétitives qui entretiennent des moments agréables de plaisirs partagés. Bref, on se respecte et surtout on s’aime malgré les piqures de puces occasionnelles.
On pourrait donc imaginer ce que pourraient être nos vœux de bonne année adressés, si les souhaits de circonstance avaient les douceurs de caresses adaptées à la personnalité de chacun.
Avec l’espoir de pouvoir provoquer des ronrons murmurés ou excités par la perception implicite d’un amour délicat, à la lecture de nos vœux ainsi rédigés.
Mais c’est là que commencent les difficultés car les caractères de nos semblables sont tous différents et vouloir comparer le comportement d’un chat avec celui d’un gros grognon d’ami, très cher, pose d’emblé le problème de style du message proposé. Dans ce cas, à titre d’exemple, on pourrait essayer le texte suivant : « Mon cher Marcel, au seuil de cette nouvelle année c’est avec beaucoup d’amitié que je dois te dire que j’apprécie nos rencontres malgré ton insupportable caractère de râleur invétéré. Avec l’espoir de te comprendre enfin et de pouvoir t’aimer sincèrement, je te présente mes meilleurs vœux. »
De même avec une dame de nos rencontres pour laquelle on éprouve une sensibilité très particulière, on pourrait se laisser aller avec les termes suivants : « Ma chère Simone, au seuil de cette nouvelle année j’ai décidé de sortir de ma timidité pour te dire que je souhaite t’aimer tendrement, mais si tu pouvais faire des efforts de présentation en changeant de style de coiffure, puis en arrêtant de fumer et de picoler, mes sentiments pour toi pourraient aller au-delà de la raison, pour atteindre les sommets d’une passion sublime, difficile à imaginer. »
Voilà, et c’est avec ce genre de messages, sans amour sincère et sans tolérance, que l’on se prépare une année difficile. Il est vrai que pour pouvoir aimer encore faut-il savoir se faire aimer : à bon entendeur et bonne année !
Paul Gamberini
Note de l’auteur :
« Je trouve amusante cette expression d’usage courant :
« Au seuil de la nouvelle année ». A la lire on pourrait avoir envie de s‘essuyer les pieds sur « le paillasson du jour de l’an » avant de pénétrer, très prudemment, dans les incertitudes des premiers jours de 2025.
Quant à ceux qui se sentent tristes, délaissés ou abandonnés on ne peut que leur conseiller la compagnie d’un chat. C’est un animal caressant, qui griffe parfois ou qui roupille pendant des heures, mais qui, mieux que les humains, ronronne et ronronne encore des doux bruits de l’amour. »