Cette lettre m’a été confiée par Jeanine Bouvet, épouse d’Alain, de Chazey-Bons, elle a été écrite par son arrière-grand-père alors âgé d’à peine 14 ans en 1898. Nulle envie à travers cette publication de comparer la maîtrise de la langue française des adolescents de jadis avec ceux de maintenant, mais tout simplement de témoigner d’un sentiment que l’on sait universel : celui de l’amour filial. Et les jeunes d’à présent qui liront cet extrait de lettre s’y reconnaîtront à travers des mots qu’ils auraient aujourd’hui peine à aligner aussi talentueusement…
Michel Bigoni
Bien chers parents,
« Qu’il me soit permis, à l’approche du nouvel an de venir vous présenter mes vœux de bonheur. Tout enfant bien né doit s’acquitter de ce devoir, et moi, qui ai tant de raisons de vous aimer et de vous être reconnaissant, je n’y aurais manqué : mon coeur à défaut d’autres raisons m’en ferait un besoin, car je vous aime, chers parents et je me fais un bonheur de vous le répéter, et puisque nous allons commencer une année nouvelle, je viens vous assurer que je veux vous aimez encore davantage.
A mesure que croissent mes forces et ma raison, je sens de mieux en mieux toutes les obligations que je vous ai ; que je gémis de n’avoir encore rien fait pour vous qui avez tant fait pour moi, pour peu que je réfléchisse sur le passé, je le trouve rempli des preuves de votre bonté et des sacrifices que vous vous êtes imposés à cause de moi. Vous avez voulu faire de moi, d’abord un enfant heureux, et ensuite un homme honnête et vertueux. Je ne veux pas faillir à cette vocation. Je veux me comporter toujours de manière à vous faire honneur et de sorte que vous n’ayez qu’à vous louer de votre enfant…
Voilà de quelle manière je veux vous aimer et contribuer à votre bonheur…
Tels sont chers parents, les sentiments qui animent mon coeur en ce jour. Daignez les agréer comme l’hommage de l’amour et de la reconnaissance de votre fils soumis et respectueux. »
Jacob Joannes