Ce courrier nous est parvenu suite à l’éditorial de Michel Bigoni traitant sur le sujet de la « Sécurité routière » sur l’édition de septembre. Ayant trouvé cette lettre pertinante, nous avons décidé de la publier intégralement. Bonne lecture, merci à nos fidèles lecteurs et à G.G. du Bugey
« Madame,
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt – comme d’habitude – l’éditorial de Michel Bigoni traitant de la sécurité routière. Ce sujet m’intéresse, comme tous les français, et j’ai cru bon de vous faire part de remarques de mon cru – voir ci-dessous-, sans pour cela émettre la moindre critique de votre éditorial, plein de bon sens et de modération.
Vous ferez de ce papier l’usage qu’il vous plaira, le publier ou non, le troquer ou le modifier, ou tout simplement le mettre dans votre corbeille à papiers. Mon ambition n’est pas
d’ « être dans le journal ».
Je vous assure que j’attends toujours le Ballad’Ain chaque début de mois, et je vous prie…
Loi n°51-1480 de Décembre 1951 portant création d’un FONDS SPECIAL D’INVESTISSEMENT ROUTIER alimenté par les TAXES SUR LES CARBURANTS.
La sécurité routière a, au cours des temps, fait de très importants progrès et évité bien des drames. Il est facile à nos ministres de s’en attribuer les mérites, à eux et à leur arsenal de radars et de politique répressive. Je crois surtout que ces progrès tiennent à la fantastique évolution des automobiles. Les gens de mon âge se souviennent des 4CV au comportement fantaisiste, des freins à tambours qui servaient plutôt de ralentisseurs, des pneus riquiquis taille motocyclette, et en général de toutes ces voitures où l’on n’était pas mieux protégés qu’à vélo en cas de choc, et que leur tenue de route aléatoire prédisposait aux chocs.
Dans les années cinquante la route de Saint Martin de Bavel à Belley (c’est un exemple) voyait passer une voiture à l’heure ; la circulation aujourd’hui y est intense, surtout aux heures de trajet-travail ou de trajet-écoles. Cependant cette route, comme bien d’autres, a très peu changé, y circuler est une prise de risque. Les améliorations apportées à ce réseau ont constitué en empilements de couches de revêtement, si bien que tel ancien chemin creux est devenu une route en levée où tout écart peut conduire à de meurtrières galipettes. Quand je parle de revêtement, il s’agit trop souvent d’une enduction de goudron sur laquelle on étend du gravier, laissant le soin d’en balayer l’excès à la circulation des automobilistes, condamnés pour quelques semaines à rouler sur un tapis de billes déstabilisant.
Pourtant la loi de 51 créant le fonds spécial d’investissement routier a permis de collecter des sommes colossales, puisque le prix des carburants est principalement constitué de taxes qui ont, comme toujours, disparu dans le gouffre sans fond des finances publiques, nous laissant un réseau routier en triste et dangereux état. Et le remède trouvé par nos dirigeants est de nous prendre encore plus d’argent et de nous considérer, nous usagers, comme des criminels en puissance, identifiables et solvables ; eux et leurs prédécesseurs pourraient avoir l’honnêteté de partager la responsabilité de l’insécurité routière. Il y a, bien sur, des conduites à risques, mais aussi des pouvoirs publics à risques.
Cette loi de 1951 aurait-elle été abrogée ? »
G.G.