Communiqué de presse
Un éléphant scanné en 3D
Les quatre éléphants sont arrivés à la fonderie Vincent à Brignais dans le Rhône le 18 décembre dernier. L’un d’eux a été scanné afin de garder une trace de leur morphologie exacte. En raison de sa taille imposante, le scan a été réalisé en trois fois grâce à un bras de numérisation qui permet de créer un objet informatique d’une grande précision enregistrant l’ensemble du relief et des imperfections.
« De tels fichiers vont permettre de conserver une mémoire informatique des éléphants. Cela pourra servir pour reproduire par exemple des maquettes ou des modèles réduits », explique Catherine Kuenemann, chargée de la maîtrise d’ouvrage.
Un état des lieux en cours
Trois des quatre éléphants ont été démontés en trois parties : corps / têtes, pattes, et trompes. Un premier constat fait apparaître que si les trompes et les pattes sont en bon état, les ensembles corps / têtes sont quant à eux dégradés. Sur certains reliefs, notamment le sommet du crâne, il ne reste quasiment plus de fonte et les fissures sont visibles. Des trous laissent apparaître la résine. Cela peut s’expliquer par le fait que lors de leur réalisation, le moulage original n’a pas permis d’avoir un niveau uniforme de fonte. Autre explication, les restaurations antérieures ont été faites avec des matériaux qui aujourd’hui n’apparaissent pas comme les plus performants. Une première estimation laisse penser qu’il faudra refondre les ensembles corps / têtes de trois éléphants sur quatre. Cette piste est à affiner en accord avec la CRMH (Conservation Régionale des Monuments Historiques) et l’architecte des bâtiments de France, qui suivent les travaux.
Pour les pièces qui devront être refondues, un moule en sable sera réalisé et la fonte y sera coulée. « Les fontes actuelles sont de meilleures qualité que celles utilisées en 1838. Elles permettent de conserver une épaisseur de fonte plus constante », explique Luc Bellon, chargé d’affaires à la fonderie Vincent.
Les pièces à restaurer feront l’objet d’un déplombage, d’un sablage, de nouvelles pièces renforceront la structure de l’intérieur, suivront ensuite les étapes d’assemblage, d’anticorrosion, de masticage et de peinture.
Un travail sera également réalisé pour retrouver la teinte originale de chaque partie.
« Je suis impressionné par le savoir-faire et la maîtrise de l’entreprise, explique Jean-Claude Davoine, adjoint aux travaux et au patrimoine historique. Ces professionnels connaissent les techniques du passé adaptées à la conservation du patrimoine, qui vont nous permettre de le transmettre aux générations futures. Nous ne sommes que des intermédiaires. J’ai été ému de voir les éléphants ainsi en plusieurs parties. Ils sont en cure de régénération. Ils vont nous revenir guéris ».
Un travail de grande précision sur les bas reliefs
Les bas reliefs et les trophées déposés début janvier sont également en cours d’analyse et de restauration à la fonderie Vincent. Leurs dessins et leurs représentations sont d’une grande qualité. « Il y a un travail des détails, une qualité et un soin des pièces qui peut laisser penser que le sculpteur, Pierre – Victor Sappey, s’est appuyé sur le travail de ses élèves pour réaliser les bas – reliefs. Le drapé des vêtements, les visages, laissent penser que l’inspiration vient de vrais personnages », explique monsieur Grange Chavanis, architecte des monuments historiques.
Calendrier des travaux
Selon leur état, chaque élément va être restauré ou refondu. L’éléphant en meilleur état sera le premier à être de retour en mai.
La fonderie Vincent
Fondée en 1880, la Fonderie Vincent à Brignais dans le Rhône emploie 40 salariés sur deux sites. Elle partage son activité entre la réalisation de pièces à l’échelle industrielle et la restauration d’oeuvres d’art, comme le travail en cours sur les éléphants de la fontaine. La fonderie Vincent a participé à la restauration réalisée dans le milieu des années 1980 sur les éléphants. Pour l’occasion, un hangar avait été construit. L’un des salariés de l’époque, aujourd’hui retraité, va revenir pour former une compagnon du devoir, fondeur, qui réalise sa dernière année de compagnonnage au sein de la fonderie Vincent.
Le 5ème éléphant
Des élèves du lycée Monge et de l’ENAAI (Enseignement aux arts appliqués et à l’image) ont participé à la visite à la fonderie Vincent dans le cadre du projet « l’industrie épate la galerie ». Pour ce travail autour de la photographie et de l’industrie, les élèves du lycée professionnel ont créé un compagnon aux célèbres pachydermes Chambériens, une sculpture baptisée Né du fer, le 5ème éléphant. Les étudiants de l’ENAAI (Enseignement aux Arts appliqués et à l’Image) apportent la touche graphique (planches BD, croquis, installations…) à l’aventure. Le projet vise à porter, à travers le prisme artistique, un « regard-découverte » sur l’industrie. Autour de ce thème, les bibliothèques et la CCI Savoie vont organiser conjointement une série d’ateliers, de conférences, de rencontres et d’animations du 24 février au 25 avril. Luc Bellon, de la fonderie Vincent, viendra à cette occasion faire une conférence sur les travaux de restauration de la fontaine des éléphants le 2 avril prochain. Ce travail mêlant photographie et narration a été réalisé par la commission Economie & Culture de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Savoie, en partenariat avec la Compagnie Nationale du Rhône et la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes. Il a été présenté en 2013 à la Foire de Savoie.