Voilà un Personnage assez mystérieux ou mythique qui réside dans l’imaginaire innocent des enfants tout en accompagnant les souvenirs enchanteurs des adultes, de ceux qui continuent de penser qu’il devrait toujours exister, quelque part et être disposé à faire rêver ou à adoucir leur propre existence. En ajoutant quelques petites touches de fantaisies ou de merveilleux dans l’univers nébuleux de leurs espérances : celles de joies, de bonheurs, de réussites et de prospérités. Un peu comme s’il s’agissait d’un secours providentiel pour retrouver les effets bienfaisants d’une éclairante sérénité, avec des réactions bienveillantes. Une sorte de « S.O.S Père Noël » aux différentes orientations capable de comprendre, de soulager ou de satisfaire les souhaits : des plus simples aux plus étranges. On pourrait s’étonner qu’une telle fondation n’ait jamais été constituée alors que beaucoup d’entre nous, d’abord dans leurs prières, ne savent plus très bien à quel saint ils peuvent encore se vouer. Il serait même possible d’imaginer comment celle-ci pourrait bien fonctionner.
Mais avant de s’engager dans une telle aventure, il conviendrait d’en mesurer la nécessité en écoutant ce qui se raconte souvent aux cours de discussions amicales, plus ou moins sérieuses, échangées à la table d’un bistrot. Dans des ambiances bruyantes de grande liberté d’expressions, que ce soit pour des soucis de société ou pour des histoires de famille. Quand les envolées verbales appuyées sont souvent du style :
« Ce qu’il nous faudrait, pour régler ce problème, serait de donner tous les pouvoirs à Machin ou à Bidule ! »
C’est alors que les réponses, teintées d’ironies joyeuses et collectives, se font immédiates :
« Mais mon pauvre Marcel, tu crois encore au Père Noël, Machin ou Bidule, mais quelle idée saugrenue, bois donc un bon coup de Chardonnay du Bugey et tu verras, ça te remettra les idées en place ! »
Et il en va ainsi pour de nombreux sujets sérieux évoqués, comme si tous les espoirs des fameux « Il nous faudrait ceci ou il nous faudrait cela ! » étaient destinés à être contrariés par des comparaisons ou par des réactions visant à mettre en doute l’existence même du Père Noël : ce qui serait insupportable et bien triste. Mais sans jamais le soustraire à de nombreuses discussions. Ce qui prouve bien qu’il est toujours présent, dans tous les bistrots et qu’il est rappelé souvent pour donner la mesure moqueuse ou utopique des solutions proposées. Pourtant c’est là qu’il doit résider, à hanter les espaces animés des bistrots, en essayant d’apporter une caution positive aux idées lumineuses qui jaillissent de partout mais qui, perçues par des esprits rigolards, n’aboutissent pratiquement jamais. Cependant les choses pourraient bien changer ?
Il suffirait pour cela que les adultes conservent leur innocence d’enfant avec une forme d’attitude qui caresse le rêve et l’imaginaire, exprimée sans passion, en abandonnant les certitudes pour laisser la place à la magie mystérieuse de l’enchantement. Une façon naïve et même candide de voir les choses différemment, comme si les souhaits ou messages exprimés trouvaient un réceptacle d’accueil (une fondation « S.OS Père Noël » citée plus haut) à même d’examiner toutes les idées et tous les désirs. Cela avec la malice ou le caractère d’un bon vieux Père Noël souriant, bonhomme, généreux et compréhensif. Il serait ensuite facile d’ériger un beau sapin, couvert de boules lumineuses, avec, sur chacune d’entre-elles le nom de l’heureux destinataire d’une récompense, offerte pour ses idées géniales, proposées au cours de l’année. Je verrais assez bien mon ami Marcel surgir dans son bistrot habituel, tout guilleret, avec la spontanéité d’un gamin de cinq-ans, pour annoncer joyeusement qu’il a obtenu le diplôme du correspondant le plus farfelu de l’année. Pourquoi pas, bien qu’il soit d’une nature sérieuse tout en croyant à l’existence d’un Père Noël providentiel.
Mais qui sait, il a peut-être raison ?
Voilà et joyeux Noël !
Paul Gamberini