« Je n’aime pas être pris au dépourvu »
C’est un jeune maire de 42 ans qui officie depuis juillet 2020 à la tête de la ville de Belley. Entré en politique très jeune, Dimitri Lahuerta a fait ses premières armes dans le sillage des ministre Charles Millon et député Etienne Blanc dont il était le soutien. Une histoire de famille, en quelque sorte. Pour son 1er mandat de Maire, ce natif de Belley qui se présente volontiers comme un « amoureux du Bugey » nous reçoit dans son bureau à peine chauffé – sobriété énergétique oblige – pour évoquer les deux années écoulées et les projets à venir.
Rencontre (1ère partie).
Ballad’Ain : Pour commencer cette interview, nous aimerions parler de l’homme, derrière la fonction. Dimitri Lahuerta, qui êtes-vous ?
Dimitri Lahuerta : « Je n’aime pas trop parler de moi, de manière générale. Belleysan depuis toujours, j’aime cette ville, j’ai construit mon parcours ici. Je suis marié, j’ai 2 enfants, je suis chef d’entreprise.
J’ai plusieurs passions : la France, mon territoire, ma ville, la politique, le sport, la lecture, le cinéma… J’essaye de courir 2 fois par semaine, pour m’entretenir. J’aimerais faire plus mais ce qui m’importe surtout quand il me reste du temps c’est de le consacrer à ma famille, mon moteur.
Ballad’ : En quoi vous reconnaissez-vous dans les valeurs bugistes ?
D. L. : J’aime la gastronomie, les vins du Bugey, l’esprit familial, l’énergie, l’identité de ce territoire… Je me reconnais dans la convivialité bugiste. Je suis amoureux du Bugey, dans toutes ses composantes : environnementale, historique, économique, avec aussi un terroir très riche… Nous avons autour de nous des lieux d’exception, cela nous engage à les préserver.
Lorsque l’on réfléchit en tant que maire à l’urbanisme de Belley, on rentre davantage dans son histoire, qui s’est faite sur des millénaires.
Cela me rend d’autant plus passionné par ma ville.
Ballad’ : En parlant de passion, la politique en est-elle une ?
D. L. : Effectivement. J’ai débuté à 21 ans, en tant que soutien d’Etienne Blanc (ex député de l’Ain et actuellement sénateur, ndlr). Ensuite j’ai participé activement à la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, jusqu’aux municipales de 2014, où je suis entré en tant qu’élu dans l’équipe municipale avec BNH (Belley Nouvel Horizon) et son Maire Christian Jimenez (puis Pierre Berthet à la mort brutale de Christian Jimenez).
En 2020, c’est ma candidature avec la liste ABBS (Agir pour Belley et Bugey sud, ndlr). Tout cela m’a animé d’année en année.
Ballad’ : Comment décririez-vous ce début de mandat ?
D. L. : L’élection a eu lieu en pleine crise sanitaire, malgré tout nous avons pu lancer notre programme, nos grands projets et apporter des réponses concrètes aux Belleysans qui avaient beaucoup d’attentes. A nouvelle équipe, nouvelle impulsion, et nouvelle méthode. Il a fallu rassurer les agents municipaux, très contraints durant le mandat précédent du fait de la situation financière de la commune. C’est aussi une approche différente que j’ai organisée avec mon équipe pour décentraliser la décision, notamment sur les sujets du quotidien, essentiels pour les Belleysans.
Les agents se voient agir aujourd’hui avec plus de responsabilité, de capacité d’initiatives pour rendre le service public plus efficace. Et ils assurent très bien leur mission.
Ballad’ : La ville a racheté plusieurs friches dans Belley. Cela fait-il partie de votre programme de revitalisation ?
D. L. : L’idée c’est de reprendre la main sur des espaces en friche ou avec une inactivité totale depuis des décennies. Avec l’aide de l’Etablissement Public Foncier (EPF), la ville a déjà acquis le bar des Aigles, les bâtiments du Tanneur et l’ex-friche Percevaux. Ainsi, nous libérons du foncier pour réaménager ces lieux en fonction des besoins de la ville. Nous travaillons avec des architectes, des urbanistes, des juristes pour donner les grandes orientations et lancer un appel à projets ouvert à tous les promoteurs ou investisseurs privés ou publics. Il faut repenser l’urbanisme, revitaliser impérativement la ville.
Belley est en retard sur son offre commerciale, son offre de logement de type intermédiaire, son offre sur l’immobilier d’entreprise. Il faut la redynamiser. J’aimerais aller plus vite, être plus ambitieux dans les rachats de foncier. Pour mes adjoints et moi, c’est un combat de tous les instants.
Ballad’ : Votre combat, c’est aussi de créer une dynamique autour de Belley ?
D. L. : Nous avons obtenu pour Belley l’inscription au programme « Petites villes de demain » dès le début du mandat, un projet soutenu par l’Etat qui permet de relancer l’attractivité de 1600 communes, principalement en zone rurale. Grâce à cela, nous avons enfin une référente rattachée à l’effectif de la ville qui fait le lien avec les commerces et les partenaires de Belley. Ils sont nombreux, c’est tout un maillage. Nous devons travailler ensemble, c’est une nécessité, sinon cela ne marche pas. Et cela porte ses fruits : l’exemple du partenariat avec l’EPF pour le rachat des friches, la réussite du marché de Noël, où nous avons travaillé main dans la main avec l’Ucab… La clé c’est d’anticiper, s’organiser, avoir une vision à court, moyen et long terme sur tous les sujets. Je n’aime pas être pris au dépourvu, on a fait assez de curatif comme cela, je préfère être dans un travail qui nous permet de prévoir.
Ballad’ : La sécurité a été l’une de vos priorités de ce début de mandat. Pour quels résultats ?
Les Belleysans ont-ils des raisons d’être rassurés, après les incendies de voitures de ces derniers mois ?
D. L. : Il y a à Belley des problèmes de délinquance et de comportements inadaptés sur les routes, il fallait retrouver de l’apaisement. L’une de nos priorités a été de structurer la police municipale (PM), d’augmenter ses effectifs (5 agents de PM, 2 ASVP, 1 administratif), de les former. Cela a pris du temps, on arrive enfin à voir les résultats très concrets de notre action qui fera l’objet d’un bilan sur 2023 en conseil municipal. Cette PM est orientée 100% sur le terrain, avec 1 patrouille matin et soir, parfois même en nocturne.
Elle fait aussi beaucoup de prévention, il faut habituer les gens à cette nouvelle présence. C’est un vrai investissement que les belleysans ont fait, sur la tranquillité publique, avec également une extension de la vidéoprotection, une zone 30 Km, un aménagement urbain plus sécurisé.
A l’avenir, nous voulons évoluer vers une police pluri-communale, trois communes nous ont déjà dit oui, c’est un bon début…
Pour le reste, on aimerait une fois les auteurs identifiés que la réponse pénale soit au rendez-vous. Une personne a été agressée au couteau en décembre à Belley.
Réponse pénale : l’auteur n’est convoqué qu’en mai 2023…c’est inacceptable pour la victime, pour nous et pour la population.
La PM, en étroite collaboration avec la Gendarmerie, effectue un travail efficace, d’autant mieux si les Belleysans nous communiquent des informations précises et tangibles. Pour les voitures incendiées, l’enquête avance. Nous avons des éléments, mais quelle sera la réponse pénale une fois les auteurs identifiés ?
Notre système est extrêmement faible, les Français le vivent chaque jour, et les moyens ne sont pas suffisamment mis dans la Justice qui est totalement engorgée. Je n’hésiterai pas à le dénoncer à chaque instant. »
Propos recueillis par Fabienne Bouchage
(A suivre : dans la seconde partie, suite du bilan des deux premières années de mandat, et projets pour 2023).