(Signalons avant tout que l’approche des lieux où se déroule le brame du cerf est réglementée et ne peut se dérouler sans les accompagnants de la maison du marais à Aignoz).
Initiative Bugey, après son AG, offrit aux participants une promenade hors du commun évoquée par beaucoup, mais peu souvent vécue : aller à la rencontre du brame du cerf dans le marais de Lavours.
Durant près d’un mois, les cerfs quittent les forêts alentours pour se réunir dans leur habitat naturel les plaines, ici les marais. Christophe et Maud animateurs à la maison du marais, les évaluent à près de 150 dont une trentaine de mâles. Ils sont sans prédateurs et ce soir-là, il en fut observé une trentaine. Les mâles admirables de puissance, arborant leurs ramures glorieuses, se livrèrent à une joute sonore comme remontant d’un passé sans âge.
Les cerfs en ce mois de rut ne mangent plus, envoûtés par cette exigence de la nature à assurer leur descendance et ils perdront beaucoup de leur masse musculaire, quant aux biches fécondées, elles patienteront huit mois avant de mettre bas leurs faons.
Le brame : la nature en vérité
Abordons à présent le domaine des ressentis profonds. Le monde sauvage, puissant, mystérieux, demeure en marge de nous.
Éteindre la télé distillant la peur comme un poison nous réduisant à l’ombre de nous-même et se retrouver dans la demi-obscurité du soir parmi les brames appelant à l’accouplement, à l’amour, c’est recevoir en son cœur un sérum de vie.
La nuit est déchirée par le fracas de l’appel des grands mâles, et celui-ci brise en chacun de nous comme une carapace d’illusions, de mensonges tissée par la vie d’aujourd’hui. Et nous retrouvons au fin-fond de nos êtres une vérité, une réalité au-delà des millénaires, passés et futurs. Lorsque nous quittons ce monde des marais, nous avons le cœur empli du désir de redevenir vrais, authentiques, d’être à l’unisson du mystère merveilleux que nous portons en secret en nous.
Michel Bigoni