Le drame s’est déroulé au siècle dernier à Conzieu, petite commune située à 10 km de Belley, au pied de la montagne d’Innimont.
Ce village est connu pour son église située à l’écart du bourg, sur une colline. Cet édifice fait d’ailleurs l’objet de tous les soins puisqu’une association réunit bon nombre de personnes travaillant à sa rénovation.
Cette maison du crime : une ancienne cure probablement : le cimetière, l’église, la cure… plantés sur ce promontoire vibrant…
C’est à côté de cette église que se situe le lieu du drame évoqué, entre autres par Lucien Chamard-Bois et Thérèse Husson dans la revue « le Bugey »…
Dans cette vaste bâtisse occupée longtemps par l’école de la commune et où siège encore la mairie, habitait un couple au milieu du dix-neuvième siècle : les Ferrand. Détail d’importance : Humbert Ferrant, le mari, était un grand ami du célèbre compositeur Hector Berlioz.
Ce couple ne pouvant avoir d’enfant, adopta un petit garçon, Jean-François Blanc-Gonnet. Malgré l’éducation parfaite qu’il reçut, ce dernier au fil des années s’avéra un « sujet difficile ». Il commet quelques mauvais coups, suivis de procès et il faudra l’intervention d’Hector Berlioz en personne pour qu’il puisse revenir à Conzieu.
Nous sommes alors en 1867, il a 31 ans…
Oisif, dépensier, il est bientôt couvert de dettes et ce sont les Ferrand qui vont y répondre, se plaçant dans une situation financière préoccupante.
Il tombe amoureux d’Antoinette Bornet, âgée de 16 ans, cuisinière chez ses parents adoptifs… Leur union rencontrant trop d’obstacles, Blanc-Gonnet s’enfuit avec sa maîtresse à Genève. Mais cherchant à la fois de l’argent et le consentement des parents d’Antoinette, il revient dans la région…
Après un certain nombre d’étapes surréalistes, il se retrouve dans la cour de la maison de ses « parents » le 25 mai 1868 à onze heures du soir. Il entre par une fenêtre, s’assure que Mr Ferrand est endormi, pénètre dans la chambre de sa « mère » assise sur son lit. Il se précipite sur elle et l’étrangle.
Il emporte dans sa fuite quelques bijoux et argenterie…
Il prend le train à Virieu-le-Grand jusqu’à Genève où il sera arrêté le lendemain.
Pourtant à son procès, il proclama que ce n’était pas pour l’argent qu’il avait tué Mme Ferrand, mais pour se venger d’elle qui l’avait d’après lui beaucoup fait souffrir : « Je ne l’ai tuée qu’une fois, elle m’a tué vingt fois. »
Condamné à mort, Napoléon III refusa le recours en grâce et il fut exécuté sur « le champs de Mars » à Bourg.
Ce fut l’une des dernières exécutions capitales publiques, le 5 septembre 1868.
Son père adoptif mourut le 11 septembre.
Michel Bigoni