C’est la saison des virus : Grippe, Coronavirus ou Covid-19, ToBRFV (le « virus de la tomate »)… Cet envahisseur-là a un nom plus poétique : « Obama nungara », (« plat comme une feuille »). Ce n’est pas un virus à proprement parler mais une espèce de ver plat invasif, venue d’Argentine. Il prolifère à vive allure en envahissant les jardins de France et d’Europe, menaçant potentiellement la biodiversité.
Il se propage notamment via le commerce des plantes en pot.
L’histoire débute en mars 2013 : un amateur naturaliste observe dans son jardin de Cagnes-sur-Mer un ver bizarre, et envoie sa photo sur un réseau social spécialisé en histoire naturelle. Intrigués, les scientifiques mettent en place un vaste réseau de sciences participatives, qui recueille en cinq ans plusieurs centaines de signalements, essentiellement en France mais aussi au Royaume-Uni, en Espagne, au Portugal, en Belgique, en Italie et en Suisse. C’est un phénomène classique pour les espèces invasives : la présence est d’abord discrète et on ne s’en aperçoit que quand elle a envahi toute une partie du territoire. Il y aurait aujourd’hui « des milliards d’individus », répertoriés dans plus de 70 départements de France métropolitaine. En revanche, on ne trouve pas de ver argentin en altitude, probablement parce que les nuits y sont trop froides. Plusieurs espèces sont identifiées, mais « Obama nungara » semble dominer. Il est de couleur brun foncé, mesurant 5 à 10 cm. Que lui reproche-t-on ? D’être un prédateur mangeant les animaux du sol (vers de terre et escargots), et d’être une espèce « non-autochtone qui n’a pas sa place dans l’écosystème des sols ».
Il se reproduit à la vitesse de 1 000 vers par jour et par hectare. Ce ver n’a pas encore de prédateur connu en Europe, cependant on ne sait pas quel sera son impact écologique exact sur la biodiversité.
Que peut-on faire pour limiter l’invasion ? Aucun produit chimique n’est homologué ni autorisé contre les Plathelminthes terrestres. Ramasser et écraser les individus dans son jardin s’avère peu efficace. Le travail des scientifiques pour cartographier l’invasion semble donc loin d’être fini ; pour cela, l’aide des citoyens est toujours aussi indispensable.
Alors ouvrez l’œil…
Source : www.francetvinfo.fr
Fabienne Bouchage