Artemarienne Mady Vidonne-Gallay raconte la scène :
« J’avais 10 ans. Le 21 juin 1940, nous sortions de la messe du soir. Stupéfaction générale : toute la place devant l’église fourmillait de soldats allemands avec leurs cantines et leurs paquetages. Personne ne les avait entendu arriver. Furieuse, la bonne du curé apostropha les premiers rangs en ces termes : mais qu’est-ce que vous faites là ?
D’abord ne vous appuyez pas contre les arbres ! Et votre barda va tout abîmer l’herbe ! Certains soldats réquisitionnèrent une chambre dans notre maison et une autre en face chez Mme Martinod, où ils jouèrent du Beethoven au piano. Les officiers supérieurs, eux, se dirigèrent vers l’hôtel Berrard où l’on s’activait à murer hâtivement la cave à vin. Ils y installèrent de force leur Kommandantur, tandis qu’un poste armé prit position dans le clocher de l’église qui était carré et non pointu comme maintenant. Le lendemain, ce fut l’armistice, mais les Allemands restèrent encore une bonne quinzaine de jours. »
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A savoir
L’article sur l’Hôtel Berrard est paru en juin 2019 dans le n° 106 de la revue “Le Bugey”. Au sommaire de ce numéro : le Bugey au Moyen-Age, l’architecture et les commerces belleysans et bien d’autres articles. En vente auprès de la Société savante et dans les librairies.
L’auteur, Maurice Berrard, est le neveu de Joseph Berrard, le cuisinier aux deux étoiles. Son premier poste fut instituteur dans son village natal d’Artemare. Il est inspecteur d’académie, docteur en anthropologie.
L’histoire de cet hôtel n’a pas été facile à reconstituer en raison de la destruction des archives, de la disparition du livre d’or et de la discrétion proverbiale d’Anna Berrard, la maîtresse de maison. Dans les pages du Ballad’Ain qui précèdent, Maurice Berrard a choisi dix dates mémorables qui ont jalonné plus de 120 années d’existence, dont cinq dates à découvrir dans l’édition d’octobre. Reste encore certaines zones d’ombre.
Il serait intéressant que des lecteurs puissent compléter les informations sur l’ancien Hôtel Berrard à partir de leurs propres souvenirs.
Contact : berrardmm@gmail.com