Du côté européen, la Pologne est un pays où il est possible de retrouver l’essence spirituelle de Noël préservée au mieux au-delà de l’aspect commercial de cette célébration.
Cette fête religieuse est associée à la naissance d’une nouvelle vie sous le signe de la paix, de la famille, de la réconciliation, et les adversaires ce jour là ont la chance de se mettre d’accord. Une fête donc de la compréhension mutuelle, de l’amour, du bonheur…
Les préparatifs commencent avec la période de l’Avent où sur une couronne végétale aux feuilles vertes sont piquées quatre bougies. Chaque dimanche l’une de celles-ci sera allumée jusqu’à Noël. Quatre bougies comme les quatre saisons, les quatre points cardinaux, parce que cette période de Noël est symbolique de l’année qui suivra : les enfants sages alors ne seront pas punis les mois suivants, nous dit-on. Des messes dédiées à Marie, mère du Messie, sont célébrées durant l’Avent (Roratnia).
Symbolique aussi les douze plats qui composent le réveillon, douze comme les douze apôtres.
Si jadis le menu devait être « maigre » et sans alcool, il n’en est plus de même aujourd’hui dans la majorité des familles.
Potages, soupe de poissons, choucroute aux pois cassés ou aux champignons secs, carpe à la polonaise dans sa sauce grise, filets de colin à l’aneth, sandre au citron, hareng au vinaigre à la crème, salades aux fruits secs : la kutia… Pains d’épices, gâteaux : énumération sans fin de plats et de desserts tous attachés à Noël.
Mais le plus symbolique de tous est l’Oplatek, pain azyme du genre de l’hostie, que l’on partage entre les membres de la famille et les amis en signe de pardon et d’amour.
Vieille tradition aussi que celle qui consiste pour les femmes à nettoyer à fond les maisons car le mal demeure dans les objets restés sales.
Les enfants veillent le soir de Noël pour surprendre l’apparition de la 1ère étoile dans le ciel, celle sans doute de Bethléem (elle autorise le début du réveillon où les personnes seules sont invitées pour qu’elles ne le restent pas). Jadis, les jeunes femmes à marier, sortaient dans la nuit pour écouter l’aboiement d’un chien indiquant la direction d’où viendra son futur époux…
Il faudrait des pages et des pages pour faire le tour des légendes et des symboles attachés à Noël en Pologne, un pays qui grâce à cet attachement à la tradition préserve son unité, sa force et son âme.
Michel Bigoni