L’été à peine commençait sa carrière
Que tout était magique et de lumière
Le ciel brillait, le lac faisait rêver
Nous étions tous à l’admirer
Berceau de nos vacances
De notre chance
D’enfance
Au lac.
Une introduction qui se veut être, très modestement, poétique, pour rappeler que les plus beaux vers jamais écrits, pour immortaliser la majesté d’un lac, sont ceux de Lamartine. Dans une composition qui nous surprend toujours par son intensité romantique, laquelle se trouve inspirée par la passion d’un amour contrarié et par le cadre d’un environnement exceptionnel. Lequel amplifie, par sa beauté impressionnante, la nature des sentiments exprimés. Comme si l’amour absolu avait besoin d’un décor révélateur pour produire des émotions sublimes et parfois exaltées. De celles qui perdurent, à jamais, dans le cœur meurtri des amants déchirés ou séparés par des événements tragiques. Des situations qui provoquent la tristesse quand elles sont portées jusqu’à l’extrême. En les découvrant on se laisse aller à quelques petites larmes afin d’adoucir notre sensibilité et si la musique pouvait accompagner la tragédie, on se retrouverait dans une ambiance d’opéra. Dans celle de Tosca ou de La Traviata ou bien dans celle qui pourrait être consacrée à Julie et Alphonse. Une pièce qui reste encore à être composée sous le nom de : « Ô lac ! » Qui sait ? Je verrais assez bien un adepte de Puccini à la tâche pour la réalisation d’une telle œuvre lyrique : à suivre.
Mais si Lamartine avait succombé aux charmes de sa belle (Julie Charles) à Marignieu, sous le grand châtaignier, pas loin d’un poulailler, d’une étable ou d’un vignoble, en lieu et place du lac du Bourget, avec son immensité, son prestige et ses mystères, il est fort possible que le poème en eut été très différent. Peut-être moins dramatique. Ce qui veut dire que notre environnement bugiste avec ses collines et la douceur de ses paysages campagnards et peut-être mieux adapté aux relations sentimentales apaisées, lesquelles s’inscrivent dans la durée des unions raisonnées, avec du bon et du moins bon, mais sans se perdre dans des effusions trop délirantes. Cependant l’amour reste l’amour, partout, et on pourrait très bien entende, un jour, l’adaptation d’un extrait célèbre de Lamartine :
« Un seul être vous manque–sous le grand châtaignier– et tout est dépeuplé— à Marignieu. »
Enfin on ne peut pas oublier les belles surprises de nos balades champêtres et les apparitions d’espaces séduisants, avec de petits lacs qui se révèlent, dans la discrétion de leurs modestes étendues lumineuses avec le charme estival de leur pouvoir d’attraction. Sachant qu’ils peuvent être, eux aussi, propices aux rencontres, capables d’émouvoir de jeunes sensibilités. Ils nous surprennent par leur diversité quand on les découvre de façon soudaine, là où on ne les attend pas. Logés au sein des collines, ouverts à la lumière, entourés de nature sauvage et brillants sous le soleil de l’été, avec parfois des reflets tremblants pour valoriser la présence d’un château dominant comme celui du lac de Chavolet. L’image et belle et symbolique d’un passé seigneurial imprimé dans l’histoire du Bugey. Mais plus que les paysages, l’été nous rapproche de l’eau et de ses plaisirs, quand la baignade se veut simple et sans artifice, avec la force d’une tentation saisonnière, irrésistible, qui trouve son épuisement dans une nage libre et éloignée des rivages, dans des plongeons répétés ou dans l’immobilisme d’un bonheur simple et immergé. Là où on retrouve une forme d’instinct qui nous relie à l’eau avec tout ce qu’elle recèle de faune, de flore et de surprises. Quand un poisson nous frôle, quand les fleurs de nénuphars s’offrent aux libellules et quand, parfois, une belle naïade apparaît, en sortant de l’eau, avec la grâce et le bonheur de l’enchantement. Cela peut être le début d’une belle romance destinée à s’affaiblir, peut-être, doucement très doucement, dans les soupirs des très vieux souvenirs : Ô lac !
Comme celui de Saint Champ, tel que nous le connaissions !
Paul Gamberini