On ne devrait pas être étonné si on apprenait que les courants tumultueux qui nous perturbent excitent les planètes, au point de réveiller leur somnolence baladeuse et d’attirer leur attention sur nos préoccupations de petits bonshommes. Voire de porter un intérêt particulier sur notre territoire microscopique de gaulois réfractaires. Toutes soucieuses de notre avenir, alors qu’une importante saison électorale, en phase d’ébullition, étale ses promesses mirifiques dans des suites de réunions et de communications politiques, mouvementées et passionnées. Avec des oppositions de candidats, parfois courtoises mais souvent farouches, voire menaçantes, lesquelles pourraient faire craindre des lendemains amères ou inquiétants. On pourrait même imaginer que, la Planète Jupiter, en soit particulièrement affectée quand on sait qu’elle aura apporté sa caution symbolique et même mythologique au cours des dernières consultations. Une influence alors décisive dont le succès aura, sans doute, mis sous pression l’orgueil de son énorme masse gazeuse. Au point de la faire tournoyer là-haut, tout là-haut autour du soleil, pour se charger en énergie éblouissante afin de la faire rayonner, de son mieux, au long des cinq années écoulées.
En conséquence, on pourrait imaginer que les différentes planètes du système solaire en soient encore affectées et qu’elles n’auraient pas l’intention de rester passives au cours des prochaines élections. La plus farouche d’entre elles, la Planète Mars, une tellurique toujours rouge de colère, ne devrait pas tarir de menaces, de critiques et de revendications pour influencer et faire aboutir un programme qui devrait ressembler à sa couleur naturelle et à des orientations politiques radicales. La Planète Saturne, une autre gazeuse du système solaire, devrait promener son anneau symbolique et faire preuve d’opportunisme habituel, dans de petits arrangements de circonstance, bien bricolés entre copains-copines, pour pouvoir célébrer un mariage d’intérêt, capable de satisfaire ses ambitions et son attachement au pouvoir. Une alliance avec une planète voisine pourrait aboutir.
Quant à la Planète tellurique, Vénus, le choix devrait être beaucoup plus délicat. Pour mémoire on se rappellera qu’il s’agit d’une planète féminine qui symbolise l’amour, la tendresse ainsi que la gentillesse et on comprendra qu’elle puisse être hésitante quant à ses conceptions politiques alors qu’elles sont interprétées de façon très différente par des candidates qui vont des brunes aux blondes. Il est possible que sa vision soit trouble à gauche et qu’elle soit double à droite entre deux blondes bien implantées et en compétition. Elle aimerait beaucoup apporter son soutien à l’une de ces dernières alors qu’elles sont contrariées par l’intervention inattendue et intempestive de la Planète tellurique, Mercure. Une planète modeste, mais ambitieuse qui gouverne une sorte de trublion politique, de bonne qualité oratoire, intuitif et coincé dans des œuvres littéraires, avec des citations à répétitions qui surgissent des pages prestigieuses de l’Histoire de France, dont celles de Bonaparte. Une présence qui dérange l’ordre bien huilé des campagnes habituelles et qui inquiète Vénus, toujours indécise.
Puis on ne peut pas oublier la Planète glacière, Uranus, laquelle symbolise la liberté, l’amitié, l’imprévu, l’imagination et la science, le tout confondu dans une sorte d’idéal qui devrait influencer tous les mouvements politiques. La froideur de sa condition naturelle permet de préserver ces valeurs universelles dans un sanctuaire congelé, afin de les insuffler partout et toujours, tout au long de la longue histoire de l’humanité. Ensuite on citera une autre Planète glacière, Neptune, féminine par nature qui symbolise l’amour cosmique, la mélancolie et le romantisme. Des états d’âme propres à faire oublier les aléas de la vie et à lui donner un sens ésotérique réparateur. Un soutien spirituel capable d’apaiser les émotions de candidats déboutés trop affectifs ou trop sensibles. Enfin, on pourra citer la planète naine, Pluton, la plus éloignée qui, elle, a décidé de s’abstenir.
Mon ami Marcel consulté sur le sujet a eu cette réaction :
Bon, pour te faire plaisir je vais m’acheter un télescope pour regarder le ciel, mais comme tous les candidats vont nous promettre la Lune, c’est elle que je vais d’abord observer. Elle va sûrement me dire pour qui je dois me prononcer : la Lune !
Paul Gamberini