Les infirmiers libéraux (IDEL) sont en colère. C’est d’ailleurs le nom qu’ils ont donné à leur mouvement et leur collectif. Eux d’ordinaire si discrets, ont depuis le 6 février adressé leurs revendications à Emmanuel Macron dans une lettre ouverte exprimant toute la souffrance de leur profession. En parallèle, des actions sont menées sur le terrain pour sensibiliser la population à leur situation.
Ils sont un des maillons essentiels de notre société pour maintenir les personnes malades, âgées ou handicapées à leur domicile et parfois les assister jusqu’à la fin. Pendant la crise sanitaire, ils ont été la seule profession de santé de ville à assurer la continuité des soins. Particulièrement exposés, on s’en souvient. Pourtant, ils sont les grands oubliés du Ségur de la santé (2020) : leurs actes n’ont pas été revalorisés depuis 2009 !
On le sait peu, mais lorsqu’une personne nécessite plusieurs actes à domicile, le 1er est facturé à 100%, le 2ème à 50% et les suivants… rien du tout ! La prise en charge d’une personne dépendante n’est facturée qu’une fois par jour, même si elle requiert plusieurs visites, notamment pour le coucher. « Le 2ème passage sera juste l’indemnité kilométrique. Qui se déplace pour 2.75 € pour faire un soin qui peut parfois durer 30 minutes ? On aime notre travail, on aime nos patients, mais on n’est pas des pigeons ! » tempête Sophie, IDEL dans le Valromey.
Trop de travail, mais aussi trop de charges, beaucoup peinent à se sortir un salaire correct. Ainsi, 58% des cabinets d’infirmiers libéraux risquent de fermer dans les 5 ans à venir, estime le collectif.
Les IDEL doivent « assurer la continuité des soins », c’est une obligation. Ils peuvent protester, faire entendre leur voix, mais pas se mettre en grève. Ce samedi 17 février, au rond-point Jean Monnet de Belley, ils se sont donc mobilisés pour distribuer courageusement leurs tracts à des automobilistes parfois impatients. Certains retourneront travailler à peine la manifestation terminée.
S., le sourire aux lèvres, est l’une d’entre eux. IDEL à Belley, elle a rejoint le mouvement dès le début de la contestation et compte sur la cohésion de la profession, le soutien de la population pour faire entendre leur voix.
Le mouvement prend peu à peu de l’ampleur. Le 19 février, les syndicats d’IDEL ont été reçus par le Ministre délégué à la santé, Frédéric Valletoux. En attendant les mesures concrètes, les troupes se mobilisent : des régions rejoignent peu à peu la contestation. La pétition fait du bruit. Et le collectif a déjà annoncé une mobilisation d’ampleur dans les grandes villes le 19 mars…
Revaloriser les actes, reconnaître la pénibilité de leur travail, simplifier la nomenclature des soins… sont parmi les revendications.
Une pétition est en ligne sur le site https://infirmiersliberauxencolere.fr/
Fabienne Bouchage