Le marché annuel des trufficulteurs du Bugey s’est déroulé à Saint-Champ suivant un cérémonial rigoureux, le soleil filtrait sur la campagne environnante dispensant une lumière satinée digne de l’événement.
Le rituel de la vente
La veille, les truffes de la dizaine de producteurs présents avaient été calibrées pour se voir réparties dans quatre paniers différents. Entre la qualité « extra » et les « brisures » une belle marge de prix puisque les premières se sont vendues à 950 euros le kilo alors que les « brisures » dépassaient juste les 500…
A dix heures précises, une corde tendue sépare les producteurs de la centaine d’acheteurs potentiels. Alors, une dame choisie parmi les marchandes fait tinter une cloche, la corde est rabattue et c’est la ruée sur l’or noir…
Les deux variétés, la tuber mélanosporum (la truffe du soleil) privilégiée ici par rapport à la tuber uncinatum (truffe de l’ombre) ont été plus abondantes sur le marché que l’année passée. Elles enchanteront les réveillons à venir, chacun les réservant à des plats différents dont la recette est ourlée de secrets familiaux.
Les qualités « extra » ont sans doute prises été plus lentes à disparaître des étals, mais les transactions furent rapides et producteurs et acquéreurs se sont vite retrouvés le long de la buvette dressée dans un local voisin.
Quelques personnes ont profité du « spectacle » pour aller se recueillir devant la crèche conçue par mesdames Vellet et Lamaison devant l’autel de l’église restée ouverte à l’occasion. Paul Gambérini, maire du village semblait aussi fier de l’affluence au cœur de la commune que du sapin ornant l’entrée de la place. Fierté bien compréhensible, car son village présentait ce matin là ce que le Bugey, le beau Bugey, a de plus précieux au secret de sa terre.
Michel Bigoni