Le 7 mai 1858, est inaugurée la ligne de chemin de fer passant par la Cluse des Hôpitaux vers la Suisse et l’Italie. Quelques municipalités concernées organisèrent pour le premier passage du train une réception en présence d’hommes politiques et Hauts responsables de ce réseau. Et sur ce trajet, Tenay est une étape importante.
Tenay, à l’époque évoquée est déjà riche en filatures, peignages, blanchisseries et la création d’une gare va concourir à donner à cette ville une grande renommée dans ce domaine du textile.
Le maire d’Hostias invité
Les maires proches furent invités solennellement, entre autres celui d’Hostias, ce village perché à 800m qui abritait alors plus de 400 habitants.
Devant un tel honneur, le maire prépare un grand et beau discours aux nuances patriotiques et encourage tous ses concitoyens à suivre leurs élus jusqu’à la gare. Ils prirent un raccourci, un chemin des chèvres caillouteux et périlleux : un jeu d’enfant pour ces montagnards, mais cela quand ils sont en tenue courante et non en habits amidonnés, gibus et souliers « du dimanche »…
La désillusion…
La descente de la petite troupe fut délicate et quand elle arriva près de la gare, le train repartait et le maire fort désolé tenta de l’arrêter en vain en s’écriant : « Arrèta ! Arrèta què sè lô mérô dHotia ! ».
Un coup de sifflet strident, projeta les imprudents sur les bas-côtés de la voie et tous se retrouvent au coeur d’un désordre de vêtements, de gibus et de désespoir alors que le train fumant et pétaradant s’éloignait entre les hautes falaises de la vallée.
La petite troupe désabusée remonta à Hostias par le chemin des chèvres.
Cette anecdote savoureuse, nous l’avons reconstituée à partir des écrits de Jean-Louis Veyrat et de Jacqueline Di Carlo.
* « Arrêtez ! Arrêtez, je suis le maire d’Hostias ! »
Michel Bigoni