‘‘Être adolescent en 1950 par un enfant du terroir’’ est un petit livre écrit il y a une vingtaine d’années par Jean-Marie Terron, l’actuel président de l’association littéraire « Enlivrez-vous à Yenne ». Un tour d’horizon magistral de ce que fut le vécu de ces jeunes au sortir de la guerre où tout manquait encore et où trouver à se nourrir était, si j’ose dire, « le pain quotidien » de chacun. Ses parents parvinrent à ouvrir une épicerie au 56 de la rue de la République à Belley et nous suivons au fil des jours et des nuits de bien belles sagas régies par la fermeté rude des parents, mais qui toujours masquait une tendresse infinie pour leurs rejetons… C’est un regard rempli de respect et d’amour que Jean-Marie porte sur eux.
Alors, ces pêches, elles arrivent ?
Cette anecdote révèle beaucoup de ce que fut l’esprit profond de cette époque.
Les parents de Jean-Marie possédaient une petite propriété à la Cervoise, près de Champeillon, plantée entre autres d’un arbre aux pêches rares, chacune de 330 grammes, et bien évidemment délicieuses.
La maraude à l’époque était « monnaie courante » histoire d’améliorer quelque peu la fin des journées difficiles. Quelle ne fut pas la surprise du père de Jean-Marie de voir entrer dans son magasin un petit gars lui proposant d’acheter un panier de pêches. Il connaissait le galopin et reconnut les pêches précieuses de son arbre.
Il paya l’enfant comme si de rien n’était, mais il lui dit : « Tu en as laissé trois sur l’arbre, le les ai vues hier, dis à ton père de me les apporter ». Et l’enfant naïvement de répondre : « Oh non, m’ sieur, la mère a dit qu’il fallait bien vous en laisser chacun une ! ».
Évidemment les parents de l’enfant ne se doutaient pas que Mr Terron reconnaîtrait ses pêches ! Jean-Marie ne nous dit pas comment cette chronique se termina, mais à l’époque, après quelques mots joliment pimentés, un verre ou deux de vin à tout juste 7 degrés réconciliaient les belles âmes d’alors ! N’est-ce pas adorable en tout ?
Michel Bigoni