Il était une fois une petite boite aux lettres qui se languissait dans le froid de l’hiver. Accrochée sur un poteau bancal elle bordait le chemin d’une vieille chaumière profondément enfouie sous la neige.
Le silence était total et rien ne semblait perturber l’espace immaculé d’un conte de Noël. Une légère fumée grise caressait les nuages indiquant que la vie existait là, chaudement calfeutrée autour de grosses buches crépitantes, libérant de bonnes odeurs de bois consumé.
Tout semblait reposer dans un immobilisme propice au calme et à la méditation. La petite boite aux lettres se confondait, elle aussi, dans cette impression en donnant libre cours à la mélancolie de ses souvenirs.
Au temps où tout ce qui faisait le bonheur, les joies et même les tristesses de la chaumière transitait par son intermédiaire en suscitant de belles émotions ou de profondes afflictions.
Depuis les choses avaient bien changé, le vieux facteur aux pas usés avait pris sa retraite et les communications s’envolaient désormais dans des réseaux saturés, sans autres romances que la spontanéité des échanges, privés de rêves ou d’imaginaires.
Elle ne servait plus qu’à recueillir des publicités ou des agaceries officielles qui ne lui valaient que de l’indifférence. Bref, elle déprimait.
Mais la magie du moment se révéla de nouveau avec ses surprises de saison. La neige ajouta des couches de neige à la neige au point de tout faire disparaitre dans un isolement total. La chaumière retrouva des ambiances de vieilles traditions, faites de bougies, de simplicités et d’ennuis mortels pour les plus dépendants. L’un deux remarqua que la petite boite aux lettres, chargée de neige, menaçait de s’affaisser, comme un vieux serviteur négligé qui se couche avant de disparaître. On fit l’effort d’intervenir et là on découvrit une lettre encore protégée dont la lecture créa la surprise.
On pouvait lire : « De la part de votre petite boite aux lettres qui ne vous oubliera jamais et qui vous souhaite, à tous, de très bonnes fêtes et beaucoup de bonheur. »
Profondément touché par ce message on s’interrogea sur sa provenance ?
Peut-être était-ce le fait du vieux facteur aux pas usés qui avait pris sa retraite.
Il n’y eu pas de réponse mais la petite boite aux lettres retrouva l’affection de la chaumière et avec elle les plaisirs et les bienfaits des mystères de Noël.
Paul Gamberini