Il est toujours agréable de parcourir nos petites routes du Bugey quand le soleil décline dans son couchant rougissant, en étirant les ombres et en faiblissant doucement avant de disparaitre dans l’obscurité d’un ciel étoilé. Il en est ainsi lors de cette belle soirée de juin quand l’air est encore frais, que la lumière est douce et que le rendez-vous auquel nous sommes conviés nous promet quelques surprises agréables. Il s’agit d’assister à une conférence (organisée par la Société Le Bugey) dont le sujet consiste à nous propulser dans l’espace afin de nous plonger la tête dans l’émerveillement des planètes ou dans l’éblouissement des étoiles : un vaste programme d’informations et de découvertes spatiales!
Mais d’abord nous avons le plaisir de rencontres amicales, entre participants, qui se font sur le parking du Château d’Andert, au pied de ses structures imposantes dont on découvre, de près, les deux tours d’angle, symétriques, qui encadrent la façade. Elles pointent vers le haut le sommet de leur élévation comme si elles nous invitaient, déjà, à regarder en direction du ciel.
Certes, on est là pour en apprendre davantage sur l’Univers qui nous entoure mais avant de gagner la salle de conférence, qui nous est préparée, on s’accorde un peu de liberté pour admirer brièvement les accès du Château, ses annexes extérieures ainsi que sa terrasse d’où le regard se laisse charmer par le panorama qui domine les reliefs qui nous sont familiers. Puis, influencé par la beauté de l’édifice et par ses pierres moyenâgeuses on s’engage enfin vers le fabuleux voyage annoncé, dans une immensité astronomique.
L’intervenant qui nous accueille est un scientifique échappé de son observatoire de la Lèbe en Valromey ; aimablement il nous regarde prendre place avec le sourire et le calme de celui qui contemple son public pour essayer d’en sonder la nature, en espérant lui faire partager son extraordinaire passion : celle de l’Espace infini. Il est campé entre un écran blanc et un rétroprojecteur en place et son impatience disparaît rapidement avec les premières images projetées, lesquelles nous plongent dans des Nébuleuses aux couleurs délicates, de rose, de bleu ou de vert aux formes étonnantes de nuages de gaz et de poussières. Comme des voiles de lumières aux formes contrastées dont les développements considérables s’expriment, parfois, en milliers d‘années lumière. Leurs représentations pourraient être simplement superbes si leurs dimensions évoquées ne venaient pas fasciner notre imaginaire. Ainsi, graduellement, on découvre l’Espace sans limites et là on éprouve des sensations étranges qui nous réduisent aux plus minuscules de nos toutes petites tailles microscopiques. Une prise de conscience ou une forme d’humilité avant de découvrir les Galaxies puis celle de notre Voie Lactée, là où on retrouve notre bon vieux Système Solaire. C’est un retour vers ce que nous connaissons le mieux, avec le soleil comme étoile, nos belles planètes et notre ciel proche où l’on se sent davantage chez nous. A la fin on sort de tout cela différent, un peu silencieux et impressionné par la beauté de l’Univers mais hanté par le mystère de son développement et par la mesure de notre fragilité. Puis arrive le moment du retour, les vielles pierres du Château nous rassurent un peu par leur solidité et sur nos petits chemins on éprouve de nouveau le bonheur qui s’attache aux plaisirs de notre environnement exceptionnel : le Bugey. Comme un espace de vie minuscule, perdu dans une immensité déconcertante mais qui suffit à notre équilibre naturel et à notre bonheur simple et préservé ?
La soirée s’avance et bientôt, dans le ciel, des myriades d’étoiles vont recommencer à briller.
Paul Gamberini
L’Observatoire de la Lèbe en Valromey, un établissement à visiter.