Le réalisateur Laurent Becue-Renard était présent lors de la projection de son film « Des hommes et de la guerre », au cinéma l’Arlequin de Belley. Patrick David, président de CINEFIL, s’est réjoui de recevoir celui dont le film a été en sélection officielle au dernier festival de Cannes.
Laurent Becue-Renard fut reconnu pour son précédent film-document « De guerre lasses » consacré aux femmes au cœur de la guerre en Bosnie alors qu’il était responsable du magazine « Sarajevo on line ». Déjà son travail suit l’intervention d’une psychothérapeute auprès de ces « veuves de guerre ».
Le non-dit jusque-là.
Avec « Des hommes et de la guerre » c’est vers les hommes qu’il tourne son regard. Des militaires de retour d’Afghanistan, d’Irak, sont mis en scène tout au long d’une thérapie de groupe aux Etats-Unis au centre de Pathway Home. Là, le réalisateur séjournera 14 mois et ramènera 500 heures de pellicule pour un travail s’étendant sur 5 années.
Qu’est-ce qui reste dans le mental et le cœur de ces 12 colosses comme autant d’Ulysse brisés intérieurement comme de la porcelaine ?
Bien sûr que ce film nous concerne tous. En France, en Europe, les rescapés de la première et seconde guerre mondiale, et plus récemment pour nous de la guerre d’Algérie, en grande partie ont rarement évoqué leur vécu, comme par pudeur vis à vis de la souffrance qu’ils portaient en eux. Mais le non-dit n’a-t-il pas renforcé la douleur de leur être ?
Que reste-il en eux de vrai, de sûr ?
Lors de la projection de ce film à l’Arlequin, 25 lycéens se sont joints aux spectateurs habituels de CINEFIL. La dimension de ce film n’a échappé à aucun. Les Parents, les épouses, les enfants de ces « guerriers » n’ont pas retrouvé les hommes qu’ils étaient à leur départ.
Leur vécu à jeter à bas tout ce qui structurait leurs êtres : plus de références, plus de valeurs incontournables, plus rien. On songe à la phrase de l’écrivain Satprem de retour des camps d’extermination nazis : « Qu’est-ce qui reste dans l’homme, quand tout en lui a été dévasté ? ».
Le parcours de la « réadaptation » de ces douze hommes symbolisant plus d’un million de vétérans américains, les reconstruira, mais ne les rendra pas à l’état d’être qui était le leur avant la guerre.
Ce film-document porte en lui un formidable questionnement sur la condition humaine si intensément développé par Laurent Becue-Renard.