Il était une fois le nom d’un Saint, nommé Ignace, qui n’avait plus les faveurs des fonts baptismaux. Coincé dans le calendrier entre Juliette et Alphonse il occupait le 31 juillet avec la discrétion d’un jour sans éclat voué à l’oubli. Certains se demandaient même ce qu’il fichait encore là, comme un vieux sénateur sénile accroché à sa rente de situation.
On commença à s’inquiéter à la suite d’événements tragiques comme l’orage du 31 juillet 89 et le tremblement de terre du 31 juillet 92 car, à l’évidence, Saint Ignace ne faisait plus son boulot de protecteur correctement.
En conséquence son nom ne faisait plus recette. Sa voisine Juliette, toujours coquette et adorablement bronzée par son seul jour d’été, décida de réagir. Elle en parla à Alphonse, l’autre voisin d’Ignace, mais celui-ci, également délaissé, s’en foutait complètement. Il sombrait dans l’alcoolisme en disant haut et fort à qui voulait bien l’entendre : « A la Saint Alphonse, tout le monde se défonce ! »
Et le temps passait mais Juliette décida d’en informer Saint Pierre qui logeait au 29 juin. Celui-ci en fut immédiatement scandalisé. Comment pouvait-on négliger le nom d’un Saint aussi prestigieux qu’Ignace, disait-il. Puis, comme il avait des relations privilégiées avec l’Eternel il se confia à lui, lequel, perché sur son nuage, se caressa la barbe avant de consulter le Père Noël, qui s’empressa, lui aussi, de se caresser la barbe.
C’est ainsi que l’on décréta, urbi et orbi, que tous les Ignace vivants et à venir auraient désormais les faveurs spéciales du Père Noël, en nougats, en barbes à papa et en pots de confitures. Les conséquences en furent immédiates et de nombreux nouveau-nés se virent affublés du beau nom d’Ignace dès leur arrivée sous les étoiles. Un nom qu’ils allaient devoir porter, héroïquement, leur vie durant, sans savoir qu’il s’agissait là d’un superbe cadeau du Père Noël.
On raconta ensuite qu’Arsène devenait dépressif, lui aussi, puis que Célestin et Saturnin n’allaient pas très bien non plus….