Notre journal a évoqué par deux fois le travail réalisé par Daniel Pouthier avec les habitants de la communauté de communes Bugey Sud, sur un fait historique s’étant déroulé en novembre 1467 sur la place de l’église de Rossillon.
Rappelons les faits : les tribunaux de l’inquisition ont conduit au bûcher six femmes et un homme désignés par la population comme boucs émissaires pour exorciser les craintes des villageois mûries au cœur d’une époque rurale des plus obscures.
Or, les différentes représentations de ce spectacle viennent de se dérouler suivies par une foule de spectateurs envoûtés par la mise en scène et le jeu des acteurs.
Véritablement, c’est avec une grande délicatesse, sans jamais perdre de vue la barbarie de ce moment de l’histoire bugiste, que Daniel Pouthier a su répondre au lourd questionnement précédent la réalisation de ce spectacle…
« Qui sont ces femmes et ces hommes ? Que peut-on raconter de leur vie ? Pourquoi ont-ils été mis au ban de la société ? Puis brûlés ? Qu’est-ce-que la normalité ? Comment fabriquait-on une sorcière ? Pourquoi parler des sorcières aujourd’hui ? En quoi la réhabilitation de la mémoire de ces femmes et de cet homme est importante à notre époque »
Bien sûr, on tremble et s’émeut de compassion pour ces êtres torturés, condamnés sur des accusations ridicules, honteuses… mais jamais le déroulement du spectacle n’a glissé dans la facilité d’une vision morbide de l’événement.
Et puis la quinzaine d’acteurs et d’actrices amateurs de la région, et d’un professionnel, ont été remarquables, de force, de délicatesse également.
La salle (pardon, la place du village) était remplie dés le premier soir, et ce n’est pas sans quelques frissons que chacun se sentit plus ou moins confronté à une réalité terrible qui se déroula à cet emplacement même, 548 ans plus tôt.
Michel Bigoni