Camping du Sougey St-Alban de Montbel Lac d’Aiguebelette – Thème de l’automne 2018 : « Jardinez avec les insectes »
Entretien avec Vincent Albouy, entomologiste et naturaliste
Biographie
Entomologiste, ancien président de l’Office pour les insectes et leur environnement (OPIE). Né en 1959, Vincent Albouy est entomologiste de formation et écrivain naturaliste. Il est spécialiste des Dermaptères ou perce-oreilles. Il a été président de l’Office pour les insectes et leur environnement (OPIE) de 2011 à 2015 et également le président fondateur de PONEMA, une association locale pour la protection de la nature ordinaire dans les jardins, aujourd’hui dissoute. Il a également travaillé pendant plusieurs années à la Ligue de Protection des Oiseaux. Il a publié de nombreux ouvrages sur les insectes, les oiseaux, le jardinage naturel qu’il pratique d’ailleurs dans son jardin en Poitou-Charentes.
Bibliographie sélective :
Les auxiliaires au jardin, 2018
Pollinisation, le génie de la nature, 2018
Des insectes en ville, 2017
Le petit guide entomo : observer et identifier les insectes, 2017
Loger et abriter les insectes au jardin, 2014
Le jardin des insectes, 2013
Guide des insectes et autres petites bêtes des villes et des maisons, 2013
Faut pas pousser mémé dans les orties et autres expressions botaniques, avec Roland Garrigue, 2013
Le biopotager autosuffisant, 2012
Les insectes : bien débuter en entomologie, 2011
Il présentera une conférence Dimanche 14 octobre à 11h : « Les rôles des insectes au jardin »
Ballad’Ain : Quel rôle les insectes jouent-ils dans le jardin ?
Vincent Albouy : Des insectes nous gênent au jardin, d’autres nous incommodent, d’autres nous causent préjudice. Quel bonheur s’ils n’étaient plus là pensent certains jardiniers !
Le bonheur ? Pas si sûr ! Nous les considérons souvent comme inutiles faute de connaître leur rôle fondamental dans les cycles naturels du jardin. Ou plutôt leurs rôles, car ils remplissent cinq missions indispensables au bon fonctionnement du jardin :
– Les végétariens empêchent qu’une espèce de plantes ne dominent sur les autres. Grâce à eux, la végétation dans la nature est très variée. Quand nous cultivons la même plante sur une grande surface, nous facilitons le travail des insectes qui la consomment : c’est pourquoi certains jardiniers mélangent leurs légumes pour les protéger.
– Les pollinisateurs sont des végétariens particuliers : ils ne se nourrissent que du pollen et du nectar sucré que produisent les fleurs. En transportant le pollen d’une fleur à l’autre, ils les fécondent et permettent aux plantes de bien se reproduire. Grâce à eux, beaucoup de fruits et graines sont plus nombreux, plus gros et mieux formés.
– Les recycleurs participent au maintien de la fertilité naturelle des sols, en contribuant à dégrader les parties mortes des plantes et les cadavres d’animaux. Cette matière organique morte prédigérée par eux sera ensuite transformée par des bactéries en sels minéraux indispensables à la bonne croissance des plantes.
– Les prédateurs et les parasites, en mangeant d’autres insectes, empêchent que les recycleurs, les pollinisateurs et surtout les végétariens deviennent trop nombreux. Ils aident les jardiniers à protéger leurs cultures sans utiliser d’insecticides.
– Enfin tous les insectes peuvent servir de repas à de nombreux vertébrés, batraciens comme les crapauds, reptiles comme les lézards, oiseaux comme les mésanges ou mammifères comme les chauve-souris. Pensons que sans eux, la plupart des oiseaux disparaîtraient du jardin, morts de faim !
Ballad’Ain : Que faut-il faire pour ne pas leur être nuisible ?
Vincent Albouy : Depuis un quart de siècle, les scientifiques ont enregistré un recul de près de 80% des insectes volants en Allemagne, de près de 30% des oiseaux en France. Que peut-on faire au niveau individuel, dans son jardin, pour tenter d’enrayer cette disparition inquiétante de la nature ordinaire ?
Tout d’abord, renoncer à l’emploi des produits chimiques, insecticides, herbicides, fongicides et autres produits en –cide qui tuent la vie, et cultiver en bio le potager et les arbres fruitiers.
Ensuite varier les cultures et les plantations du jardin en reproduisant quelques milieux semi-naturels en miniature comme une haie variée, une zone en friche, une pelouse fleurie, une mare, etc. et en privilégiant les plantes locales.
Aménager en complément des micro-milieux offrant des endroits pour nicher ou se reposer à de nombreux petits animaux : tas de sable, zone de terre nue, tapis de feuilles mortes ou de mousse, tas de branchage, etc. et nettoyer le jardin des tiges et autre végétation mortes à la fin de l’hiver seulement et non à l’automne pour aider les petites bêtes à s’abriter pour l’hiver.
Enfin construire divers abris et nichoirs destinés aux insectes, comme une bûche percée, une botte de tige creuse ou une botte de tiges à moelle, sans oublier ceux destinés aux oiseaux et autres petits vertébrés, car un jardin équilibré est un jardin riche d’une vie variée.