Le projet du livre de Christine Thivel : « Les Lumières d’une longue nuit » est parti d’un reportage qu’elle a écrit pour la Voix de l’Ain en octobre 2012. Le couple Reveyron recevait, à titre posthume, la médaille des Justes parmi les Nations décernée par l’état d’Israël, pour les remercier d’avoir caché et élevé un enfant juif durant la seconde guerre mondiale.
Cet enfant était de retour à Belley, entouré de sa famille. Il vit désormais en Israël et ses petits-fils n’avaient jamais foulé le sol français, ils n’en parlent pas la langue et leur grand-père voulait leur faire découvrir le lieu où il vécut en sécurité et entouré d’affection quand tant d’autres connurent l’horreur. Henri Klein avait souhaité que ses bienfaiteurs soient honorés à la hauteur de leur engagement. « Ils ont été pour moi Papa et Maman pendant deux ans et demi » avait-il dit au cours de la cérémonie sans parvenir à contenir son émotion.
Après cet émouvant épisode, Christine Thivel a décidé de consacrer un livre aux Justes. Les Justes qui ont été reconnus officiellement et dont le nom est gravé sur une stèle à Jérusalem, mais aussi à d’autres qui ont accompli des choses exceptionnelles, par simple humanité et au péril de leur vie, sans attendre une quelconque reconnaissance.
Des lumières ont brillé au milieu des ténèbres de la guerre, et c’est aux lumières de cette longue nuit que l’auteur a souhaité rendre hommage. « Qu’elle fut longue en effet, très longue la nuit de 1940 à 1945, et ô combien douloureuse pour certains d’entre nous qui la vécurent ! Trop nombreux hélas sont ceux qui ne la revirent jamais, jamais, la lumière. » a écrit Jacques Saurel dans la préface du livre. Cet ancien déporté a accepté spontanément d’écrire quelques lignes, lui qui inlassablement témoigne auprès des collégiens et lycéens dans la France entière. Il se rendra en février prochain avec des élèves au camp de Bergen-Belsen, où il a été déporté à l’âge de 11 ans. Mais auparavant il sera à Izieu le 27 janvier prochain pour la commémoration du 70ème anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau. Avant de découvrir l’horreur concentrationnaire, il fut interné au camp de Drancy et assista à l’arrivée des enfants d’Iizieu. Il est un des derniers à les avoir vus en vie…
Christine s’est envolée pour Israël, un pays qu’elle avait toujours rêvé de découvrir, et a retrouvé avec plaisir Henri Klein. Ensemble, ils ont visité le mémorial de Yad Vashem, un lieu terrifiant. Henri s’est confié et a livré les souvenirs de son enfance Belleysanne, une enfance heureuse…
Belley a été un havre de paix pour cet enfant juif. Aujourd’hui, la ville peut être fière de ses héros. Car il n’y a pas que Anna et Pierre Reveyron qui ont caché un enfant juif, le père André Adam, directeur de l’institution Lamartine a accueilli un adolescent durant une année scolaire sous une fausse identité, le faisant passer aux yeux de tous pour un élève catholique. Il dissimulait également des réfractaires alsaciens, et pour nourrir tous ses protégés, il put compter sur le jeune Georges Biez-Charreton qui volait des cartes de rationnement à la mairie pour les lui remettre. Mais pas seulement, puisqu’il profita de son poste à la mairie pour dérober des cartes d’identité vierges afin que de jeunes gens puissent échapper au STO. Il s’engagea par la suite dans le maquis où il participa à de nombreux combats. Malgré son jeune âge, il fit preuve d’un courage exceptionnel et jamais ne chercha à tirer une gloire de ses faits d’armes. Dans le maquis de l’Ain, il aurait pu rencontrer également le Dr René Guillet, médecin FFI, qui quitta le confort de son hôpital par idéalisme et humanité. Comme bon nombre de ses confrères, il participa activement à soulager la souffrance humaine.
« Les lumières d’une longue nuit » traite également de la résistance civile dans l’Ain, et d’Israël, le pays qui reconnait ses Justes. Un pays dont l’auteur est tombée amoureuse et où elle rêve de retourner. Jacques Saurel, bien que juif, n’y a jamais été. Il ne souhaite pas s’y rendre seul, et encore moins en groupe ! Il a appelé Christine, avec qui il a tissé une relation d’amitié, et lui a demandé si elle acceptait d’y aller avec lui. Un projet qu’ils réaliseront tous les deux dès que la situation au Proche-Orient sera plus stable. Ils sillonneront ensemble ce pays de lumière, du désert de Judée à la Galilée, en passant par la vieille ville de Jérusalem, un lieu unique au monde.
Le livre est en vente chez l’éditrice, les Ogres de Papier au 11 bis rue des Barons ou à la librairie Entre-Parenthèses, au prix de 22€. Tous les bénéfices seront reversés au Mémorial d’Izieu. Illustration de la couverture: Jean-Marie Coste.
Michel Bigoni