L’Institution Lamartine fait peau neuve. Dès janvier 2019, 400 bambins de la maternelle au CM2 viendront rejoindre leurs aînés des collège et lycée sur le site ancestral de l’Institution. Avec le déménagement des écoles Marguerite Marie et Louis Chambard, c’est une nouvelle page qui s’ouvre pour le groupe scolaire belleysan. Pour évoquer le sens du projet et l’esprit qui anime ce rapprochement, Ballad’Ain a rencontré Jean-Edouard Brun, Directeur du collège / lycée, et Vincent Chieux, Directeur des écoles élémentaire et maternelle.
Jean-Edouard Brun : « Dans le privé il est possible d’avoir dans un même établissement plusieurs unités pédagogiques. Coexistent déjà sur ce site un collège et un lycée, bientôt une école, de la maternelle au CM2. Il ne s’agit pas simplement de construire une école « à côté », mais bien « avec ». Nous entrons dans une logique de groupe scolaire, où tout en permettant à chaque unité pédagogique d’avoir sa particularité, de dégager un projet commun, en faisant de ce regroupement un atout pour être plus complets.
Vincent Chieux : Avant nous étions distants et séparés, le nouvel ensemble formera un vrai groupe scolaire avec une unité pédagogique, même si administrativement on conserve deux entités distinctes. C’est l’aboutissement d’un long travail.
Nous partageons des deux côtés le sens du mot « accueil ». Nous sommes là pour accueillir les élèves, or le fait de connaître l’enfant sur l’ensemble de son parcours nous rendra plus efficaces sur ses besoins éducatifs, ses besoins d’instruction.
Ballad’ : Quels sont les atouts d’un tel regroupement ?
J.-E. B. : D’une part une simplification pour les familles, qui pourront confier leur(s) enfant(s) au même établissement, sans avoir à redécouvrir une équipe pédagogique, un projet d’établissement tous les 3-4ans. Cela permet une cohésion dans la durée, avec des interlocuteurs qui ne changent pas, ou qui travaillent en équipe. Avec la garantied’une meilleure préparation au passage du CM2 à la 6ème, comme de la 3ème à la classe de seconde.
V. C. : C’est aussi un projet diocésain, avec depuis une dizaine d’années la volonté d’uniformiser le parcours des enfants, de créer une cohérence en regroupant tout sur le même site. Par ailleurs les écoles Marguerite Marie et Louis Chambard n’étaient plus aux normes pour l’accueil des PMR*. Il fallait toutefois être raisonnable sur le coût de construction et le fait de venir sur le site de Lamartine nous le permet, nous n’aurions pas pu construire tout seuls.
J.-E. B. : Des ponts existent déjà entre nos deux structures, avec des matinées pédagogiques communes entre enseignants du collège/lycée et ceux des écoles, plusieurs temps festifs entre équipes, des rencontres entre élèves (le cross CM2 6ème 5ème à la veille des vacances de la Toussaint), l’accueil des CM2 en décembre pour une journée, l’initiation à l’allemand dès le CM1…
Dans le nouvel ensemble nous aurons un lieu de restauration commun pour les adultes, ce sera un accélérateur de rencontres et de contacts pour qu’ils apprennent à mieux se connaître. Nous pensons le lien, également dans l’utilisation de l’espace. Par exemple, le terrain des « Charmilles** » sera un espace commun collège/école. Cet espace abrite une ancienne piscine (comblée aujourd’hui, elle était très avant-gardistelors de sa construction par les Pères dans les années 1930-40), que nous aimerions aménager, pourquoi pas, en potager pédagogique. Nous voulons des lieux partagés pour que les élèves se rencontrent et travaillent sur des projets communs.
V. C. : Nous allons devenir une grosse structure, la 2ème école de l’Ain au niveau du nombre d’élèves. C’est un projet auquel nous réfléchissons depuis 10 ans, complexe, mais depuis 3 ans nous travaillons vraiment dans un esprit d’unité, avec ce passage fluide de l’école élémentaire au collège ; les programmes nous y obligent aussi puisque depuis l’année dernière le cycle 3 englobe la 6ème.
J.-E. B. : Tous les élèves de CM2 qui sont cohérents avec le projet pédagogique de Louis Chambard sont admis d’office en 6ème à Lamartine. Comme entre la 3ème et la seconde, l’entrée y est naturelle, sans sélection de niveau.
Ballad’ : Quelles entités le nouveau bâtiment abrite-t-il ?
V. C. : Il est divisé en 4 parties : une partie pour l’école élémentaire, du CP au CM2 sur 2 niveaux, une partie administrative, une partie école maternelle au 1er étage avec l’internat des filles (collège et lycée) et une partie garderie.
J.-E. B. : Ce qui permettra d’enclancher un autre projet : l’internat des filles situé au 2ème étage du collège libèrera 1000 m2 pour des aménagements pédagogiques. Nous lancerons également des travaux de mise aux normes de sécurité et d’accès pour les PMR, avec installation d’un ascenseur dans le bâtiment ancestral (obligatoire d’ici 2022). A plus court terme, nous allons ouvrir plus de 200 m2 supplémentaires de restauration, avec des espaces dédiés respectivement aux maternelles, aux élémentaires et aux professeurs. Nous travaillons actuellement à l’aménagement de ces lieux pour trouver la meilleure formule.
Ballad’ : Vous allez augmenter la capacité d’accueil ?
V. C. : Ce n’est pas le but premier. L’objectif est plutôt de stabiliser les effectifs. Nous avons déjà ouvert une classe l’année dernière, nous ouvrirons certainement une classe spécialisée l’année prochaine. Nous pensons nous stabiliser autour d’une moyenne de 27 élèves par classe.
Ballad’ : Où se fera l’entrée de la nouvelle école ?
V. C. : Nous sommes en phase de discussion, tout ne dépend pas de nous. L’école est un lieu très contraint. Nous nous concertons régulièrement avec les différents acteurs pour décider de ce qui serait le plus efficace et le plus judicieux. L’accès aux anciens sites était catastrophique, là il sera bien meilleur avec des places de parking très proches, un accès pour les piétons et les bus scolaires. Mais il y a encore des inconnues, notamment sur la dynamique des flux.
J.-E. B. : Plusieurs scénarios sont possibles. Nous travaillons avec la municipalité et la Communauté de communes depuis octobre. L’aménagement des places de parking relève de leurs compétences, notre rôle est de penser les flux internes, où passe l’enfant une fois qu’il est accueilli.
Cela devrait se décider d’ici 2 mois.
Ballad’ : Pour vous c’est sans doute motivant un tel projet…
J.-E. B. : Ce sont des projets à la fois nécessaires et enthousiasmants. Avec un très beau travail de concertation.
V. C. : Cela prend forme, nous commençons à prendre la mesure de ce qui va se passer. Hier pour la première fois j’ai emmené les enseignantes sur le site pour qu’elles se projettent. Ce sera un vrai changement, une page riche de 150 ans d’histoire se tourne.
Ballad’ : Pour quand l’ouverture est-elle prévue ?
V. C. : Janvier 2019, en principe.
Les équipes sont prêtes, elles ont travaillé sur le projet pendant longtemps, même s’il y a un peu d’inquiétude. Pour les élèves je suis confiant, ce sera naturel, ils se feront très bien à la nouveauté.»
Propos recueillis par Fabienne Bouchage
+ d’infos : 04 79 81 01 44
* Personnes à Mobilité Réduite
** Bande de terrain abritant des charmes