Ils sont tous deux issus de la génération « Y », mais ce n’est pas leur seul point commun. Quentin Camus, Directeur commercial gamme « Le Marmiton », président du Club des Managers de l’Ain, et Christophe Bellet, Directeur de la Brasserie Dulion, une start-up lyonnaise, ont chacun à sa manière « éco-innové » dans leur entreprise respective. Des projets qui prouvent que la préoccupation environnementale peut aussi être un moteur de développement, et non un frein.
Savez-vous que la malterie est l’une des filières les plus consommatrices d’énergie ? A elle seule, cette industrie, dont l’Europe du nord a le monopole, consomme chaque année l’équivalent de la production d’une centrale nucléaire ! Fort de ce constat, et convaincu qu’une autre voie pouvait exister, Christophe Bellet a cherché à développer une bière en revoyant le process de A à Z : partant de céréales crues sans passer par l’étape du maltage, il a réussi à transformer l’ingrédient de base en réduisant sensiblement les dépenses énergétiques et hydrauliques, mais aussi en revoyant complètement le mode de distribution du produit final. Grâce à ce nouveau modèle d’ « éco-brasserie », il remporte le 1er prix du concours mondial d’innovation 2030. Une belle réussite pour ce jeune ingénieur passionné, diplômé de l’ISARA-Lyon. Son produit ne rentre encore pas dans la case législative française pour l’appellation « bière », mais il est déjà reconnu en Allemagne où son avenir semble prometteur…
Quentin Camus a vécu une expérience différente. Dans le cadre du « Grenelle 2 », son entreprise est l’une des rares à avoir cherché à évaluer l’impact environnemental sur l’ensemble du cycle de vie d’un produit, dans son cas le velouté de tomate au basilic, et à chercher à développer un étiquetage approprié. Son constat est pour le moins nuancé : si les consommateurs sont aujourd’hui aptes à lire les informations nutritionnelles, ils sont loin de pouvoir décrypter les indicateurs environnementaux. Serait-on trop en avance sur le marché ? Force est de constater que pour l’heure, les clients de la grande distribution ne sont pas sensibles à ces arguments… Mais Quentin Camus reste optimiste : « il nous faut trouver les indicateurs adéquats et qui parlent aux consommateurs ; par exemple, pour les ressources en eau, donner l’équivalent en temps passé sous la douche… ».
Une révélation toutefois : si l’éco-innovation dans l’agro-alimentaire est aujourd’hui à 80% associée à des changements concernant l’emballage, l’effort écologique doit en premier lieu se faire sur le produit pour être réellement efficace. De fait, le café en capsules parfois tant décrié pour son impact environnemental serait en réalité plutôt positif, puisqu’il permet de réduire les surplus de café consommés. What else ?
Fabienne Bouchage