« Gédéon perd ses plumes », je répète, « Gédéon perd ses plumes »
… Radio Londres vient d’annoncer par expression codée qu’un parachutage d’armes aura lieu sur le plateau dit « des Lésines ».
Les groupes de maquis de Don, Belmont, Artemare et Champagne sont en alerte. Un camion des ponts et chaussée assurera le transport. C’est Plutarque, (Morrier) chef du secteur qui organise l’opération. Par petits groupes, « les combattants de l’ombre » grimpent le long des étroits sentiers pour éviter les troupes nazies cantonnées à Pugieu et Culoz et se retrouvent peu après 22h sur les lieux.
Les maquis préparent le terrain
Le camion est caché dans un bouquet d’arbres. Ils sont 60 maquisards sur le terrain.
Plutarque place deux groupes armés de chaque côté du plateau et fait allumer des feux pour que l’avion repère le terrain.
Le temps passe, la lune éclaire faiblement le terrain balisé… Fausse alerte avec le passage d’une escadrille qui part bombarder Annecy. L’espoir diminue, mais soudain un avion tourne au-dessus du terrain : il est déjà 2H. 15 parachutes se déploient dans le ciel avec une précision étonnante.
Puis un deuxième avion largue à nouveau 15 parachutes. On imagine avec quel empressement et efficacité les containers de 200 kl, bourrés d’armes sont chargés dans le camion et conduit dans une grange près de Vions… Lorsqu’il fait presque jour, les hommes redescendent les grappillons pour reprendre comme si de rien n’était leurs occupations quotidiennes.
Une sacrée coïncidence !
C’est le capitaine Bouvard, chef du secteur d’Artemare qui a laissé un témoignage de cette opération à laquelle il a participé. Et surprise, cerise sur le gâteau, dans la propriété d’un ancien maquisard, son fils me montre un pot confectionné avec un de ces containers tombés du ciel aux « Lésines » !
Quand nous traversons ces beaux paysages du Haut-Valromey, songeons à tous ces braves s’élevant contre la barbarie.
Michel Bigoni