En 1816, Lamartine se rend à Aix-les-Bains pour soigner des souffrances indéfinies et un mal-être récurent. Cette année là, il rencontre Julie Charles dont il tombe éperdument amoureux. La jeune femme va marquer son destin à tout jamais.
En 1816, Lamartine, âgé de 26 ans, est un jeune aristocratique oisif. Féru de littérature et de poésie, il lit beaucoup et s’essaie à l’écriture, de la poésie à la tragédie. Attiré par le jeu et les femmes, il voyage accumulant les aventures et les dettes. Cherchant sa voie, il accepte à contrecœur une place aux Gardes du Corps militaires, obtenue grâce à l’intervention de son père, dont il démissionnera peu de temps après. Souffrant d’une sorte de mélancolie et d’une grande anxiété, il se rend à Aix-les-Bains pour soulager ses maux en octobre 1816.
La rencontre
Logé à la Pension Perrier qui, à l’époque, se situait Place Maurice Mollard, à l’arrière de l’arc de Campanus, il y croise une autre curiste, une jeune femme du nom de Julie Charles, venue à Aix-les-Bains pour tenter de soigner sa tuberculose. Le 10 octobre 2016, alors que Lamartine naviguait à bord d’une barque à proximité de l’abbaye d’Hautecombe, un vent violent se leva sur le lac. Il remarqua, alors, à proximité de la rive une autre embarcation en grande difficulté et reconnut à l’intérieur la belle inconnue de la Pension Perrier. Il lui porta immédiatement secours. Les naufragés du lac furent hébergés pour la nuit chez un pêcheur. Lamartine veilla Julie puis partit à l’abbaye d’Hautecombe, en ruines à l’époque, méditer et prier pour le rétablissement de la belle inconnue. Hors de danger au petit matin, Julie Charles exprima sa reconnaissance à son sauveur.
Dès lors, les deux jeunes gens apprirent à se connaître au gré de longues promenades autour du lac. A l’époque, Julie Charles a 32 ans, elle est mariée et découvre pour la première fois le sentiment amoureux, partagé par Lamartine.
Un amour impossible
Mais les obstacles à cet amour naissant ne tardent pas à se manifester. La jeune femme est partagée entre ses sentiments pour Lamartine et son statut d’épouse. A la fin de sa cure, elle retourne à Paris où elle réside. Lamartine ne tarde pas à la rejoindre pour partager quelques rares instants avec elle lors de discrètes promenades dans la capitale ou au salon de la jeune femme. Les amoureux décident, alors, de s’écrire de manière soutenue pour combler l’absence, jusqu’à parfois trois lettres par jour. Quatre d’entre elles furent retrouvées dans un tiroir secret du bureau de Lamartine avec une mèche de cheveux de Julie où cette dernière exprime, avec passion, son amour pour le poète. Mais, malheureusement, le 18 décembre 1817, cette belle histoire d’amour s’achève tragiquement par le décès de Julie Charles, emportée par la tuberculose.
Inconsolable, Lamartine part se réfugier chez un oncle en Bourgogne où l’écriture lui sert d’exutoire.
L’influence sur son œuvre
En 1820, à 30 ans, Lamartine édite pour la première fois un recueil intitulé Méditations poétiques.
Il rassemble, en majorité, des poèmes écrits sur les rives du lac du Bourget et inspirés par son amour pour Julie. Véritable phénomène littéraire, les ventes du recueil s’envolent et Lamartine accède à la reconnaissance de ses pairs. Le poète n’oubliera jamais Julie, son amour perdu, citée dans ses œuvres sous les traits d’Elvire, sa muse. Nul doute qu’elle ait inspiré une des plus belles pensées de Lamartine: « Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé».
Pour en savoir plus : Exposition Lamartine à la mairie de Brison-Saint-Innocent jusqu’au 6 novembre.
Lise Boisselier