Bien caché à l’abri des regards, le site naturel des gorges du Sierroz, aujourd’hui fermé aux visiteurs, a connu son heure de gloire par le biais d’un destin tragique.
Au confluent de la Diesse et du Sierroz, à Grésy-sur-Aix, camouflé par la végétation envahissante se cache un site naturel d’exception. A cet endroit, le torrent se précipite avec force en cascade avant de s’engager entre deux parois étroites de 8m à 20m de hauteur pour former un canyon de 800 mètres de long.
Pour bien comprendre l’histoire du site, il faut remonter à la fin du XVIIIème siècle. A l’époque, Horace-Bénédict de Saussure, imminent naturaliste et géologue suisse, médiatise les gorges du Sierroz dans son ouvrage intitulé Voyages dans les Alpes. Les touristes affluent pour découvrir cette curiosité naturelle. En 1813, la baronne de Broc, en visite aux gorges, en compagnie de la reine Hortense, la mère de Napoléon III, est victime d’un terrible accident. Elle se noie dans la cascade sous les yeux de son amie, la reine. A l’époque, toute la France est en émoi face à cette tragédie.
La reine Hortense fait ériger, sur les lieux de l’accident, une stèle, toujours en place, en hommage à la baronne de Broc.
En 1860, Napoléon III se rend aux gorges, en pèlerinage, sur les traces de l’amie de sa mère. Et dans son sillage, les visiteurs couronnés se succèdent, de la reine Victoria d’Angleterre à Sissi, l’impératrice d’Autriche.
Le site est d’autant plus couru que la famille de meuniers, résidant aux abords de la cascade, à l’idée, dès 1883, de faire naviguer un bateau au fond des gorges. Après la construction d’un barrage, l’idée se concrétise. Entre la promenade aménagée le long de la paroi en hauteur et la navigation sur les eaux du torrent, les touristes se succèdent à Grésy-sur-Aix.
Les artistes ne sont pas en reste et le lieu inspire peintres et écrivains célèbres.
En 1910, l’endroit est classé site naturel.
En 1971, suite à un changement de réglementation, la navigation s’interrompt et seule la visite pédestre se poursuit. En 1980, la ville d’Aix-les-Bains acquiert le site et le ferme au public.
Aujourd’hui, 34 ans après, les bâtiments adjacents au site sont, en partie, écroulés. Le moulin, la scierie, l’embarcadère, la passerelle, le belvédère se dégradent un peu plus, jour après jour. Face à l’ampleur des dégâts et à l’urgence d’enrayer ce délabrement, une association a vu le jour. Nommée «Au cœur des Gorges du Sierroz», elle œuvre pour la sauvegarde et la valorisation du site afin de permettre aux visiteurs d’accéder de nouveau, un jour prochain, à cet endroit magnifique.
Plus de renseignements sur le site de l’association : www.gorgesdusierroz.fr
Lise Boisselier